Projet de mixité : « Le Mirail aux alouettes »…

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Le Conseil Départemental, l’Education Nationale, certains syndicats et la FCPE31 qui accompagnent ce projet, continuent de nous vendre la mixité comme LA solution qui permettrait de faire réussir les élèves des quartiers populaires. Ils continuent de tromper ainsi les parents et les élèves. Car qui peut croire que détruire deux collèges de secteurs extrêmement proches l’un de l’autre n’aura aucune conséquence ?

La destruction n’a rien d’anodin. Elle est toujours accompagnée d’un nouveau champ des possibles… Nous pouvons nous interroger sur les conséquences immédiates, que nous sommes déjà en train de vivre, et celles à venir, de la destruction de ces deux collèges d’un quartier populaire toulousain. Nous parlerons dans cet article du collège Badiou et de ses écoles de rattachement, car c’est lui à la rentrée, qui n’aura plus d’élèves de 6ème si nous ne continuons pas de mener la bataille…

« L’école du Méric » :

Les 6 écoles des quartiers Reynerie et Bagatelle, à savoir Jean Gallia, Didier Daurat, Elsa Triolet, Buffon, Faucher I et Faucher II, vont être respectivement ventilées sur les collèges de Balma, Tournefeuille, les Chalets, Bellevue, et Fermat pour les deux dernières. Ces 5 collèges d’accueil n’ont pas tous la même « notoriété » et cela n’échappe pas aux parents d’élèves de ces 6 écoles. Alors les spéculations vont bon train… Nous vous laissons imaginer : les CM2 de Gallia sont envoyés le plus loin possible. Cette école doit donc être la « pire » du quartier et Faucher I et II les meilleures, puisque les élèves vont être ventilés sur Fermat. Comme si on distribuait icides bons ou des mauvais points…

Mais c’est vrai ça… Comment ont été choisies les écoles rattachées à Fermat ? Quels ont été les critères de « ventilation » des élèves ? Une chose est sûre, ce n’est pas la réussite scolaire puisque « les enfants du Mirail ne peuvent pas réussir dans les écoles d’un quartier populaire ». On n’arrête pas de nous le dire !!!

Car si on pense qu’ils ne réussissent pas au collège Raymond Badiou, cela veut dire qu’ils ne réussissent déjà pas à l’école. Alors quel projet les élu-es vont-ils nous concocter pour ces écoles ?

Comment vont-être accueillis les élèves du 6ème venant du Mirail dans ces nouveaux collèges de rattachement ? Comment va se passer l’intégration ? Ou la stigmatisation ? Avec quels moyens supplémentaires pour aider ces élèves ?

Et voilà comment on passe de la mixité sociale à la mixité scolaire…

En parlant de mixité sociale, le Conseil Départemental utilise un vocable dans son domaine de compétence : le social. Il montre que le collège Badiou a une concentration en CSP défavorisées très importante : 80 % des élèves environ. Il a d’ailleurs pris les chiffres de 2015 au lieu de prendre ceux de 2016 car ceux-là sont plus intéressants pour son propos.

Arrive alors l’Inspection Académique, avec ses gros sabots, qui dénonce les résultats du collège Badiou, en dessous de la moyenne nationale au brevet. Et voilà donc la mixité scolaire qui pointe son nez ! Les élèves de Badiou n’auraient pas le niveau…

FSU, FCPE et Rectorat sont main dans la main pour nous dire qu’on se trompe en refusant ce projet, mais que ça part sans doute d’un bon sentiment de notre part. Pour eux en revanche, « ça ne peut plus durer, il faut savoir s’arrêter. L’éducation prioritaire ne fonctionne pas. Ca fait 35 ans et les résultats ne sont pas au rendez-vous. Blablabla»…

On a l’impression que les conditions de travail de nos collègues, et celles d’apprentissage de nos élèves, ne sont pas importantes pour la réussite de ces derniers. Depuis plusieurs années déjà, ce collège est la cible des attaques du Conseil Départemental et des autorités académiques : assouplissement de la carte scolaire, qui a entraîné une première fuite d’élèves ; mise en place du « busing », qui prive cet établissement des bons élèves de CM2 « sélectionnés » pour entrer en 6ème au collège fermat ; suppressions de postes, justifiées par cette baisse d’effectifs, d’enseignants, à la vie scolaire (AED et CPE), au CDI ; fermeture des 6ème SEGPA…

Après avoir tout fait pour le fragiliser et le mettre à terre, nos décideurs décrètent que ce collège pose problème et que donc, il faut le fermer. CQFD ! Quand on veut noyer son chien, on l’accuse d’avoir la rage !

Les contre-réformes successives de ces dernières décennies ont complètement mis à mal l’Education Nationale dans son ensemble et l’éducation prioritaire en particulier.

Rompre la confiance des parents…un « dommage collatéral » du projet de mixité sociale

Le message envoyé par l’institution (Conseil Départemental, Rectorat et syndicats accompagnants ce projet) est clair : vos enfants ne peuvent plus continuer leur scolarité au Mirail si vous voulez qu’ils réussissent à l’école. Voilà comment on rompt la confiance entre parents et enseignant-es. Voilà comment on fait douter les parents du service public d’éducation dans les quartiers populaires, en leur disant clairement que le service public n’est plus possible près de chez eux et surtout qu’il n’est pas de qualité.

Mais c’est quoi « réussir à l’école » ? C’est progresser, s’émanciper, amener un-e élève d’un point A à un point B. Ne peut-on pas faire cela dans les quartiers populaires ? Il n’y a pas que des élèves en échec au collège Raymond Badiou ! Il y en a beaucoup qui réussissent ! Il y en a même qui sont brillant-es et la mixité scolaire existe, il suffit d’ouvrir les yeux pour la voir…Pour celles et ceux qui n’y parviennent plus, peut être est-il temps de partir… ? Peut-être que c’est à eux et à elles de s’arrêter… ?

Certes, c’est sûrement plus compliqué qu’ailleurs. Mais posons nous les bonnes questions : est-ce que, nationalement, on compte 80 % des élèves issus de CSP défavorisés ? Est-ce que, nationalement, le taux de chômage atteint 40 % comme au Mirail ? Qui attribue les logements sociaux dans les habitats HLM à Toulouse ? Où sont dirigés les primo-arrivants à Toulouse si ce n’est dans les quartiers populaires ? L’ingénieur de chez Airbus n’a pas besoin qu’on lui trouve un HLM, lui…

Le Mirail : un nom qui fait peur…

Le Mirail : un nom qui fait peur à tous et toutes les toulousain-es qui n’y ont jamais travaillé, vécu ou mis les pieds. Il a tellement mauvais genre, tellement mauvaise presse, que l’Education Nationale a rebaptisé le lycée polyvalent du Mirail en « lycée Rive Gauche » et le collège de la Reynerie en « collège Raymond Badiou ». L’université du Mirail s’appelle depuis deux ans « l’Université Jean Jaurès ». Des mots pour cacher les maux… Nous ne sommes pas dupes de toute cette hypocrisie !

Quand le Conseil Départemental, épaulé par l’Education Nationale, aura vidé les collèges des quartiers populaires, quand la ville aura accompli son Grand Projet de Ville en cassant les barres les unes après les autres, quand le loyer des logements neufs, « tout électrique » sera devenu inaccessible aux habitant-es actuel-les du quartier, quand, de ces faits, les habitant-es de ce quartier populaire auront été chassés, peut-être qu’il changera de nom… ? Voyons… Il y a le château de la Reynerie. Et bien, en voilà un nom tout trouvé pour appâter le bourgeois et la bourgeoise : « Le Quartier du Château de la Reynerie ». Ca claque et ça pète !

C’est sans compter sur la résistance !

Depuis novembre, des enseignant-es, des parents et des habitant-es sont mobilisé-es, tous ensemble, avec des moyens d’action différents et complémentaires, dont la grève.

Nombre de personnes se sont à chaque fois déplacées dans les réunions publiques organisées par le conseil départemental, lors de la première phase de concertation (« mon cul ! » comme dirait Zazie…) afin de porter la contradiction et un autre discours.

A ce jour, cinq journées de grève (les 11 janvier, 19 janvier, 31 janvier, 2 mars et 7 mars), trois manifestations dans la Reynerie, des rassemblements, une grande réunion publique à Bellefontaine, des pétitions, des tracts, des lettres ouvertes, des rencontres entre équipes des collèges du Mirail et celles des collèges d’accueil pour apporter une autre son de cloche que celui de l’Inspection Académique, un goûter Place Abbal tout récemment…

Sans oublier le travail de mobilisation des parents et des habitant-es opposé-es à ce projet de mixité. Armées de tracts, les mères d’élèves sillonnent les écoles du quartier pour discuter avec les parents et expliquer pourquoi elles ne veulent pas de ce projet. Elles veulent un collège dans leur quartier ! Car elles veulent participer à la scolarité de leurs enfants, elles veulent discuter avec eux quand ils rentrent manger, elles veulent pouvoir les accompagner à leur activité sportive et elles veulent surtout pouvoir DECIDER de ce qui est bien pour eux ! Des parents ont décidé d’attaquer en justice la décision de fermer le collège Badiou.

La mobilisation continue et ne faiblit donc pas ! Parents/Enseignants/Habitants sont toujours mobilisés ! Vous pouvez suivre l’actualité de cette lutte exemplaire :

Sur la page facebook créée par les personnels en lutte :

Sur le blog de l’assemblée « parents/enseignants/habitants » :

L’article en format PDF à lire ici