ATSEM: la nouvelle désorganisation

atsem

 

Le service éducatif a mis en place une réorganisation des ASTEM dès le mois de septembre,

et le bilan peut déjà être tiré: c’est la catastrophe dans un grand nombre d’écoles toulousaines. 

 

Retour sur cette réforme controversée.

 

 

 

 

 

Rappel: qui sont les ATSEM?

Les atsem sont des agent-e-s des collectivités territoriales spécialisé-e-s dans les écoles maternelles, qui ne relèvent pas de l’Education nationale mais qui sont considéré-e-s comme membres de la communauté éducative.

Si leur mission d’origine était de prendre en charge l’hygiène des enfants et la bonne tenue des locaux scolaires, ils-elles se sont vu-e-s confier d’autres missions, et participent à des situations bien plus diversifiées aujourd’hui. En effet, les atsem assistent l’enseignement dans de nombreuses tâches, et ont un rôle primordial dans les classes. De plus, la réforme des rythmes scolaires ayant induit un fort besoin d’encadrement et d’animation périscolaire, ils-elles ont été mobilisé-e-s pour s’occuper des TAP (temps d’activités périscolaires). Philippe LAURENT, président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) rappelle en effet en février 2017 que « ce métier a beaucoup évolué tant dans ses missions que dans ses contraintes, et il nécessite aujourd’hui des compétences nouvelles ».

L’article intitulé « atsem: dans les écoles été comme hiver! » de la lettre des écoles de cet été (municipalité de Toulouse) illustre bien cette polyvalence puisqu’une atsem y témoigne du quotidien estival des agent-e-s, peu connu du grand public. Ils-elles font à ce moment là le « grand ménage » des écoles et accueillent des centres de loisirs.

Dans les faits, les atsem apparaissent donc sur presque tous les fronts et sont indispensables à l’école maternelle.

Le président du CSFPT, à l’issue du débat que la présentation du rapport sur les ATSEM a suscité, précise qu’il en va aussi  » de la qualité de l’encadrement éducatif que souhaite proposer notre société à ses enfants. Nous sommes là en face d’un vrai choix politique que la nation tout entière doit assumer ».

On en dénombre près de 1 000 à Toulouse, travaillant dans les 105 écoles maternelles. Ce sont à 99% des femmes, d’ailleurs au départ nommées « femmes de service ». Notons ici que la ministre de la fonction publique sous le dernier gouvernement Valls, les décrivait en février 2017 comme étant celles qui sèchent les larmes, lavent les mains, préparent le goûter et le matériel… « comme une seconde maman ». Des femmes donc, sans aucun doute!

 

La politique toulousaine

Dans la lettre des écoles de février-mars 2017, la mairie met en avant la sécurité et la bienveillance dans les écoles maternelles: « [C]’est une préoccupation constante qui doit aujourd’hui être renforcée pour prendre en compte de nouveaux risques. (…) Pour l’heure, et depuis trois ans, près d’un million d’euros est consacré chaque année à la sécurisation des écoles: travaux d’aménagement, mise en place de barrières, création de sas de sécurité, rehausses de portails, installation de visiophones, digicodes etc… La sécurisation des abords des écoles donne lieu au déploiement d’agents municipaux sur le terrain, des agents de sécurité des écoles, ainsi qu’à la mise en place de dispositifs de téléprotection, notamment pour les écoles ayant fait l’objet d’intrusions (53 établissements en sont équipés) ».

Dans le même sens, la lettre des écoles de l’été 2017 déclare « garantir la sécurité physique, morale, et affective des enfants » en mettant en oeuvre des « conditions d’accueil adaptées aux enfants et aux contextes ».

La mairie conclue qu’elle met donc tout en oeuvre afin de « s’organiser collectivement pour accueillir au mieux les enfants et les parents ». Elle formerai d’ailleurs les atsem directement. Dans l’article sur les atsem cité plus haut, une agente déclare en effet recevoir des formations obligatoires liées à la sécurité et à la pédagogie.

Conclusion: le bien-être et la sécurité des enfants à l’école semble être une priorité pour la mairie de Toulouse… Pas si vite…

 

La décision de l’été: réorganiser le service des atsem dans les écoles maternelles

En parallèle à ces mesures de sécurité, depuis quelques mois, la mairie de Toulouse envisageait un projet de réorganisation du service éducation dans toutes les écoles maternelles de la ville pas si rose. C’est chose faite puisque la mise en oeuvre a été effective dès cette rentrée 2017. L’objectif était a priori de faire diminuer l’absentéisme (non compensé) des agent-e-s. Pour cela, il avait été décidé de les faire tourner, et non plus d’en affecter une par classe, pour ainsi ne pas « pénaliser » toujours le même groupe d’enfants lors d’absences répétées.

Très vite, certain-e-s ont craint que cela entraine une moindre présence générale des atsem dans les classes au détriment de l’apprentissage, de la sécurité, du bien être et de la réussite des élèves. En effet, aucune garantie n’a été donnée quant au nombre global d’atsem ni de projection par rapport au recrutement de postes supplémentaires (pour les départs en retraite ou remplacements notamment).

 

Le constat

Le pari d’avoir autant d’astem que de classes n’est pas respecté.

En effet, parmi ceux-celles comptabilisé-ees au sein de chaque école, figurent un-e atsem de bassin (comprenant entre 2 et 8 écoles) ainsi que des atsem périscolaires, dont la présence sur le temps classe est nulle ou fortement réduite. Certain-e-s ont parfois des missions avec le CLAE sur le temps classe, sans être remplacé-e-s. Parmi celles et ceux restant-e-s, beaucoup ne couvrent pas l’intégralité des horaires d’enseignement avec les élèves, et les professeur-e-s doivent alors renoncer à certaines modalités pédagogiques.

De plus, la tournante des atsem peut être vécue par les élèves comme une insécurité affective forte et troubler ainsi leur cadre et bien être au sein de l’école et de leur classe, déjà surchargée. Aussi, les remplacements de agent-e-s (congés divers ou formations) ne sont toujours pas ou trop peu effectués. Beaucoup d’enseignant-e-s et leurs élèves fonctionnent donc avec des atsem à temps partiel sur la classe depuis la rentrée de septembre.

Ainsi, et contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la sécurité des élèves n’est plus assurée en totalité, un-e adulte n’étant pas suffisant pour encadrer au mieux les enfants de cet âge. Les effectifs sont surchargés et faire classe avec 30 élèves de 4ans sans atsem semble difficilement gérable. Rappelons ici que, comme nous l’indique le PEDT de la mairie, la population toulousaine ne cesse d’augmenter depuis de nombreuses années et le taux de natalité est supérieur de près de deux points à la moyenne nationale. Il est donc important de prendre ces chiffres en compte dans l’organisation des services éducatifs.

Cette prise en compte se traduit ici par l’introduction de talkie walkie dans les maternelles. La municipalité a en effet proposé cet outil aux enseignant-e-s et astem pour qu’ils-elles puissent communiquer et gérer une crise en cas d’urgence quelconque.  Si cela ne fonctionne pas ou si l’atsem n’est pas sur l’école à ce moment-là, le service éducatif de la mairie a également proposé aux enseignant-e-s de réveiller un-e enfant de la sieste pour qu’il-elle aille prévenir un-e autre adulte d’une situation inquiétante.

Nous vous avions prévenu, la sécurité et le bien être des élèves, une priorité !

C’est ainsi que, suite à cette réforme de rentrée, une centaine d’atsem et d’enseignant-e-s se sont rassemblé-e-s le lundi 10 octobre dernier devant l’espace Duranti pour dénoncer cette réorganisation. Il s’y tenait une réunion de directeur-rices, où Mme Lalane de Laubadère, adjointe au maire en charge de l’éducation, y défendait le projet. Selon elle, « c’est une réorganisation à la demande des agents, notamment pour mettre en place des temps de réunion, indispensables. Le système précédent était arrivé à bout de souffle. Chaque changement a besoin d’une période de rodage, et tout sera évalué. Mais nous avons conservé le principe d’une atsem par classe. Tous les départs à la retraite sont remplacés, cent atsem ont été recrutées. » 

Cette déclaration n’a pas plus aux interlocuteur-trices présent-e-s, qui déplorent un manque d’atsem grandissant dans les classes et une mise en danger permanente des personnel-les et élèves. Les enseignant-e-s et atsem ont demandé à revenir sur cette organisation. Mme Lalane de Laubadère a ici répondu qu’il était trop tôt pour établir un bilan, que l’on ne pouvait évaluer les effets d’une réforme au bout de deux mois seulement, qu’il fallait une période de rodage pour voir les effets réels. Autrement dit, soyons patient-e-s.

De nombreuses réactions ont émergé et ont mis en avant le fait que cette fameuse période de rodage avait assez duré et que l’évaluation pouvait se faire dès aujourd’hui dans les écoles maternelles de la ville. Ils-elles ont ainsi invité les élus à venir faire une journée de classe pour constater par eux-elles mêmes les conséquences catastrophiques de cette réorganisation. L’adjointe au maire en charge de l’éducation a alors répondu qu’elle venait régulièrement dans les écoles et que de toute façon, la mairie « ne fait pas de co-gestion! ». Le message est clair: patience et silence.

 

SUD continue de revendiquer la présence effective d’une atsem par classe durant l’intégralité du temps de classe et des remplaçant-e-s en nombre suffisant.

Nous luttons et lutterons contre ces réformes et défendons le service public.

Une audience demandée par l’intersyndicale et la FCPE avec Mme Lalane de Laubadère devrait avoir lieu le lundi 18 décembre à 10h à la mairie du capitole.
Un rassemblement est appelé ce même jour, le 18/12 au square Charles de Gaulle, venez nombreux et nombreuses!

 

SEULE LA MOBILISATION DE LA COMMUNAUTE EDUCATIVE PERMETTRA D’INVERSER CETTE SITUATION,

LES ENFANTS VALENT PLUS QUE LEURS PROFITS