Sur le fond des problèmes posés lors de cette audience, SUD Education 31 ne peut que déplorer et contester le fait qu’il ait été opposé une totale fin de non-recevoir aux revendications parfaitement légitimes de nos collègues. Manifestement, l’application de la loi et le fait de pouvoir disposer des moyens effectifs nécessaires aux dispositifs établis par la réforme des établissements REP/REP+ dont le collège Bellefontaine est un établissement préfigurateur ne semble pas aller de soi pour le rectorat. Au contraire, les collègues montreraient une sorte d’ingratitude à réclamer ce à quoi ils ont droit et ne seraient en somme que des enfants gâtés pleurant la bouche pleine. Les arguments péremptoires et dogmatiques qui leur sont opposés ne sont cependant que le cache-misère d’une austérité appliquée à l’éducation nationale. Il est parfaitement aberrant qu’une réforme destinée à alléger le temps de service devant élèves des collègues se traduise par le seul octroi d’un maigre volant d’heures supplémentaires annuelles (HSA). Il y a là, non seulement une lecture volontairement erronée des circulaires établies mais également un mépris total à l’égard des enseignants et de leurs pratiques de terrain. Ce mépris traduit une méconnaissance générale des conditions d’exercice des fonctionnaires dans les établissements comme le collège Bellefontaine.

Que l’argutie de la rectrice en vienne à inciter les collègues à des efforts et des sacrifices compte tenu de la difficulté du quartier dans lequel ils enseignent est tout simplement ignominieux et relève du paternalisme des plus abjects. Elle est surtout l’aveu d’une impuissance totale de la part d’une administration sans ressources et coupée de sa base. Impuissance qui n’est autre que le fruit d’une volonté et de choix politiques fatals pour le service public d’éducation et dont la pathétique communication ministérielle ne masquera nullement la réalité crue : c’est l’éducation prioritaire dont on se moque et c’est l’Education Nationale qu’on tue à petit feu.

Sur la forme enfin, SUD Education 31 prend note du fait que trois semaines complètes de grève sont à peine suffisantes pour obtenir une entrevue avec la rectrice dans l’académie de Toulouse.

Qui plus est, les conditions dans lesquelles nos collègues ont été reçus sont au-delà du mépris. Elles tiennent de la provocation pure et simple. Alertée depuis des jours des problèmes qui se posaient autour du collège Bellefontaine, il est inconcevable que la rectrice accueille des représentants du collège en grève en leur signifiant qu’elle n’avait qu’une demi heure à leur consacrer. On aurait voulu leur montrer explictement leur insignifiance qu’on ne s’y serait pas pris autrement. D’ailleurs les collègues sont ressortis avec le sentiment de ne pas avoir été véritablement écoutés. En laissant ainsi pourrir la situation, l’administration rectorale porte la responsabilité des trois semaines de grève qui se sont déroulées.

Il est parfaitement scandaleux que Mme la rectrice use de propos moralisateurs et infantilisants à l’égard de collègues, fonctionnaires ou employés de l’Etat. Il est inadmissible qu’on cherche ainsi à les culpabiliser sur l’usage légitime qu’ils firent du droit de grève et à leur renvoyer toute la responsabilité de la situation. Il est odieux et insultant que les parents d’élèves reçus la veille soient instrumentalisés dans une rhétorique qui tenait du chantage à la laïcité : que répondre, que dire à une rectrice qui accuse explicitement nos collègues grévistes de faire fuir par leur action les élèves vers l’école coranique ? SUD Education 31 condamne fermement ces propos indignes qui sortent de toute forme de réserve nécessaire à la fonction qu’occupe le représentant du ministère dans l’académie.

SUD Education 31 voit comme une grave dérive le fait qu’une telle évocation, lourde d’amalgames les plus douteux, puisse être le fait d’un haut fonctionnaire de l’Etat en service face à ses subordonnés dont il est comptable, en dernière instance, de l’intégrité morale.

Mme Bernard occupe une fonction qui devrait, théoriquement, la mettre à distance de ce genre de pratiques et de propos. SUD Education 31 constate que les valeurs républicaines d’une fonction publique neutre et impartiale, que l’administration sait pourtant rappeler à satiété à ses subordonnés ou à ses usagers, semblent d’un usage variable selon la position que l’on occupe dans la hiérarchie.