Patriot act à la francaise : loi sur le renseignement

loi-renseignementCa y est l’assemblée nationale a adopté le projet de loi sur le renseignement avec une très large majorité. Les boites noires dédiées à la surveillance vont fleurir sur nos réseaux, les IMSI-catchers (petites valises dédiées à l’interception des communications de téléphonie mobile) vont affluer dans nos rues.

 

 

 

Voici quelques points qui méritent d’être soulignés:

  • le premier ministre sera seul décisionnaire de la mise en place d’une surveillance
  • certaines données seront conservées jusqu’à 5 ans
  • la surveillance sera mise en place pour les suspects mais aussi pour les « personnes appartenant à [leur] entourage » s’il « existe des raisons sérieuses de croire [qu’elles ont] joué un rôle d’intermédiaire, volontaire ou non ». En somme, n’importe qui se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment, et ayant croisé une mauvaise route, pourra être mis sous surveillance.
  • les boites noires surveilleront les internautes et en cas de suspicion les opérateurs devront dénoncer la personne
  • il ne s’agit pas d’une loi anti-terroriste mais bien d’une loi sur le renseignement puisque le recours à la surveillance pourra se faire pour la « prévention de la criminalité et de la délinquance »

En vérité, cette loi, qui s’inscrit dans la continuité des nombreuses lois anti-terroristes que la France a  voté depuis 20 ans et dont les résultats n’ont jamais été réellement évalués. Ce nouvel épisode de la mise sous surveillance de nos sociétés constitue un changement de niveau. Le fait qu’une procédure accélérée de mise au vote – justifiée par l’exploitation des attentats du 11 janvier – ait été adoptée est déjà en soi, une régression brutale.
Sur la fond, les domaines concernés par les pratiques de renseignements et d’écoute ont été considérablement élargis : des pans entiers de la vie sociale, politique, militante, économique sont susceptibles d’être concernés. En vérité c’est une mise sous surveillance généralisée de la population française dont il s’agit.  Car pour repérer, via des algorithmes scrutant les communications, des « comportements » déviants ou suspects, il faut bien établir une norme. Tous les spécialistes du renseignement savent très bien le peu d’efficacité – en plus de leur caractère liberticide – qu’ont ce genre de procédés. Le fait que ce projet de loi soit contesté par des policiers, des juges anti-terroristes, des acteurs du renseignements et pas seulement par les défenseurs des libertés et les militants en dit sans doute long.
En fait ce genre de loi n’est pas tant conçu pour avoir une efficacité directe. Il s’agit de faire intégrer à une population une norme, de pousser à l’auto-censure et à l’auto-limitation de ses pratiques, actes, lectures, recherches….beau projet d’émancipation démocratique.

Voir :
https://www.laquadrature.net/fr/lassemblee-nationale-vote-la-surveillance-de-masse-des-citoyens-francais

http://www.bastamag.net/Surveillance-generalisee-du-net-traitement-automatise-des-donnees-manque-de

Le plus grand danger menaçant les libertés publiques vient bien des pulsions sécuritaires et liberticides que les démocraties sont capables de prendre sous le coup de l’urgence, de l’émotion ou du culte de l’ordre. On retiendra que c’est sous un gouvernement dit « socialiste » qu’une telle loi a été adoptée. Si l’on voulait un exemples de la dérive de la démocratie représentative dans laquelle les députés – censés représentés le peuple – sont au garde-à-vous d’un exécutif qui leur ordonne de voter une loi, on n’aurait pas de meilleur exemple que celui-ci.

voici 2 vidéos qui éclairent les objectifs de cette loi et qui font carrément peur :