Nouvelles du jeudi 17 février 2022

Retour des évaluations CP, Blanquer l’avait dit, il le fait, rien de nouveau.
Pour nous non plus, rien de nouveau : boycott des évaluations nationales !

Les évaluations de mi-CP qui devaient initialement se tenir la deuxième quinzaine de janvier, en pleine explosion de l’épidémie dans les écoles, avaient été reportées par Blanquer au soir du 13 janvier. Rien de faramineux, juste une mise en attente, pour calmer les esprits.

Ce mardi 15 février, contre l’avis des organisations syndicales qui souhaitaient, au minimum, que ces évaluations ne revêtent pas un caractère obligatoire, le directeur général de l’enseignement scolaire a finalement annoncé que ces évaluations devraient se tenir une semaine après la rentrée des vacances d’hiver, de manière échelonnée selon les zones.

On savait le ministère obsédé par les évaluations nationales qu’il essaie chaque année de nous imposer au grand mépris de la liberté pédagogique et du savoir-faire des enseignant-es devenu-es de simples exécutant-es des lubies gouvernementales. Depuis 20 ans elles ont balayé tous les niveaux mais n’ont jamais fait l’objet d’une réelle analyse permettant aux enseignant-es d’adapter leurs pratiques.

Les résultats tombent chaque fois comme une photographie figée, faisant fi des contextes, de l’organisation de chaque école, de chaque classe, du rythme de chaque enfants. Ces dernier-ère-s sont réduit-es à des cerveaux modelables dont on mesure la capacité à s’adapter aux exigences purement scolaires. Qu’en est-il de leur vécu, leur motivation, leur désir d’apprendre ?

Le ministre trie les élèves avant même qu’ils et elles aient commencé à apprendre !

Comment prétendre personnaliser l’aide en classe, à partir de tests imposés d’en haut et de résultats sous forme de statistiques et de courbes ? Par le biais de ces évaluations, le ministère fait preuve d’une double considération : les élèves sont des machines à apprendre, les enseignant-es sont des machines à enseigner. À aucun moment l’élève n’est considéré-e comme un individu en tant que tel, apprenant au sein d’une communauté active et dans un contexte particulier. On ne prend en compte que ses résultats et performances individuelles. Rien ne se concentre à la capacité des élèves à travailler en groupe. On ne peut mesurer avec du chiffre que des éléments quantifiables. Cette volonté de faire du quantitatif à tout prix révèle bel et bien l’idée que les pédagogies et les élèves ne sont pas les priorités des réformes mises en oeuvre par le système éducatif. L’unique objectif est la standardisation des pratiques, l’uniformisation institutionnelle des savoirs, préparant nos élèves au monde de l’entreprise en bonne et due forme. Un catalogue de compétences validées et révélées chaque année que les entreprises pourront consulter librement. On n’est pas bien là?

Pour SUD éducation, la seule façon de personnaliser l’aide aux élèves, ce sont des conditions de travail correctes et la confiance dans nos savoir-faire. Et non l’évaluation de nos performances !

La compeeeeeet’ !

Dans un contexte d’autonomisation et de mise en compétition accrue des établissements, l’objectif poursuivi est clair : classer les établissements, les écoles et les équipes pédagogiques en fonction des résultats et préparer leur mise en marché. Loin d’être réservées à un usage interne, ces mesures imposent une « culture du résultat » qui permet de distribuer les bons et les mauvais points aux équipes enseignantes et aux établissements. Tout ceci va très bien avec les réformes en cours, la machine est fort bien huilée :

  • En REP, réforme de l’attribution des moyens, selon les projets de l’établissement
  • Expérimentation de l’évaluation d’école, mise en place au 1er trimestre 2022
  • Loi Rilhac, avec mise en place d’un échelon hiérarchique au sein même de l’école avec la volonté d’un recrutement local des enseignant-es, dociles et obéissant-es si possible !

De leur côté, les élèves, devenu-es auto-entrepreneur-euse-s de leur scolarité dans le cadre de réforme du lycée, n’ont plus qu’à choisir les « meilleurs » lycées… s’ils et elles en ont les moyens, ou à rester dans les « plus mauvais ». Chacun.e à sa place !

Evaluations et fichage, les deux faces d’une même pièce.

Une fuite au ministère a permis d’apprendre que l’intégralité des données produites par les évaluations nationales sont stockées et traitées par l’infrastructure de l’entreprise multinationale Amazon, en dehors du territoire et donc hors de portée des juridictions françaises.

Après la signature d’un “partenariat” avec Microsoft sous le précédent gouvernement, le ministre livre des données sensibles de toutes et tous les élèves qui passeront ces évaluations. Il prétend que les données sont anonymisées, mais elles sont corrélées avec l’adresse des écoles dans lesquelles elles sont passées. Nul doute qu’à l’instar d’autres multinationales qui proposent déjà ce type de dispositif, Amazon sera en mesure de proposer de nouveaux contrats lucratifs à l’Éducation Nationale à l’aide de toutes ces données livrées gracieusement par le ministère.

Il y a deux ans, le Directeur du numérique pour l’éducation du ministère a été embauché par Amazon. Le pantouflage dans le privé porte manifestement ses fruits.

Boycott des évaluations nationales !

SUD éducation rappelle son opposition à ces évaluations nationales imposées par la hiérarchie et appelle les personnels à ne pas les faire passer ou à ne pas les faire remonter. Ces évaluations nationales sont incompatibles avec les valeurs et les pratiques d’une école égalitaire, émancipatrice et autogestionnaire que nous promouvons.

Nous appelons les conseils des maître-sses et les établissement à se prononcer collectivement sur le refus de ces évaluations.

Ne laissons pas les enseignant-es concerné-es par la passation de ces évaluations seul-es face à ces attaques.

Un refus collectif aura d’autant plus de poids ; organisons-nous !

 

Des problèmes de neutralité ? Prenez un Blanqueralgan !

Point phare du premier article de la loi qui porte son nom, Blanquer a fait de la neutralité son cheval de bataille…mais pas pour lui !

Depuis 5 ans, Jean Michel et son équipe tente par tous les moyens de détruire le service public d’éducation notamment en faisant porter aux enseignant.es tous les maux de l’école: progressistes, antisexistes, islamo, gauchistes, wokistes… Au nom d’une sacro-sainte neutralité, nous devrions tou.tes la fermer, nous affranchir des inégalités, faire croire à nos élèves que la république prends soin de tou.tes. Du coté du ministère par contre, la neutralité c’est pas trop leur truc. C’est même carrément l’inverse, notamment en ce qui concerne le soutien et le travail main dans la main avec l’église catholique et ses idées. 

On apprend aujourd’hui que le rectorat de Toulouse convoque des collègues dans un lycée catholique pour une formation !  Heureusement, des camarades refusent de participer et de cautionner ce genre de convocation.

Nomination de Mark Sherringham à la tête du CSP : une décision anti-laïque

Communiqué de la fédération des syndicats de Sud Education

Le ministre Blanquer a nommé ce jour par arrêté Mark Sherringham comme président du Conseil supérieur des programmes, à la place de Souâd Ayada.

Pour SUD éducation, c’est une nouvelle preuve de la dérive concordataire du ministère, qui s’éloigne toujours davantage du principe de laïcité. Cette nomination s’inscrit dans le contexte du retour du catholicisme d’État actuellement à l’œuvre.

En effet, Mark Sherringham s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet, notamment dans la revue Familles chrétiennes en 2009, dans laquelle il déclarait vouloir “réintroduire explicitement le christianisme dans le débat éducatif”. Plus récemment, il a participé à des sessions de formation pour permettre aux directions d’école privées hors contrat de préparer les inspections du ministère de l’Éducation nationale.

Aujourd’hui, c’est en tant que responsable de l’élaboration des programmes qu’il sera en mesure de mettre en œuvre ce projet résolument anti-laïque.

Après avoir exercé des fonctions auprès des ministères Fillon et Darcos, et avoir plus récemment piloté une mission chargée de définir les contours de la réforme en cours de la formation initiale, Mark Sherringham va pouvoir poursuivre, depuis une fonction particulièrement idéologique, son entreprise de démantèlement du service public, gratuit, laïque et émancipateur de l’Éducation.

SUD éducation dénonce cette nouvelle fois le peu de considération pour la laïcité et la neutralité de l’État à l’œuvre, de la part d’un ministère par ailleurs prompt à faire des procès en laïcité aux personnels et à leurs organisations.

SUD éducation demande immédiatement que soit nommé un·e autre président·e à la tête du Conseil supérieur des programmes, dont le curriculum vitæ montre un réel attachement au service public et à la laïcité.

Rachat des éditions Hachette par Bolloré, principal pourvoyeur de manuels scolaires.

Nous avons appris par la presse qu’une opération de vente et de prise de contrôle par M. Bolloré des éditions Hachette est en cours.

Cette maison d’édition est la plus grosse en France, « l’un des tout premiers éditeurs scolaires français » d’après son propre site, de l’ordre de 75 % de l’édition scolaire.

Les manuels sont loin d’être les supports pédagogiques les plus adaptés, et encore moins les plus enclins à permettre la mise en œuvre d’une pédagogie émancipatrice, mais ils restent majoritairement utilisés.

Par conséquent, cette vente pose un problème majeur. Il n’y a qu’à voir le devenir d’une chaîne de télévision en continue acquise par sa firme et l’orientation ainsi prise par la rédaction toute entière.

Nous connaissons les accointances avec les idées les plus réactionnaires, de tous les autres médias que Bolloré possède.

Nous exprimons donc notre inquiétude face à cette vente, et notre rejet de toujours plus de concentration des médias, qui empêchent de plus en plus la diversité des ressources.

 

Anniversaire de la loi 2005 : l’inclusion comme vitrine, la précarité comme moyen.
Pour une école réellement inclusive, en mesure de se disposer entièrement à l’accueil de tou.te.s !

Le 11 février 2005, la Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées était promulguée. Cette loi a permis la scolarisation de milliers d’enfants en situation de handicap. SUD éducation défend sans détour une école inclusive, c’est-à-dire une école qui se donne les moyens d’accueillir tou·tes les élèves. Mais, force est de constater que 17 ans après les moyens ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux. La crise sanitaire a fragilisé encore davantage les élèves les plus en difficulté, à commencer par les élèves en situation de handicap. Le ministère Blanquer a beau se gargariser d’être celui de l’école inclusive, sur le terrain la réalité est tout autre : il n’y a pas assez de personnels, pas assez de formation, trop d’élèves par classe.

L’accompagnement des élèves en situation de handicap se fait dans des conditions inadmissibles : les AESH ont des conditions salariales et statutaires au rabais tandis qu’il leur est demandé d’accompagner de plus en plus d’élèves pour de moins en moins d’heure. La mise en place des Pôles inclusifs d’accompagnement localisé accompagne cette logique de mutualisation comptable des moyens.

Le 8 Mars, tou.tes en grève !