Nouvelles du jeudi 12 Novembre

Aux même causes, les mêmes effets !

Hôpital-École, même combat !

La semaine dernière avait lieu une manifestation à l’appel des soignan.te.s du CHU de Toulouse:

https://www.sudeduc31.org/articles-2020-2021/stop-aux-mesures-liberticides-sortons-la-sante-de-la-marchandisation-manif-samedi-7-nov-14h00/

Le constat est accablant. La baisse des moyens depuis des décennies, la gestion néo-libérale de l’hôpital public, la fermetures des lits (cette semaine encore), a entraîné l’hôpital et ses salarié⋅e⋅s dans un état de délabrement sans précédent. Aujourd’hui, et malgré la gravité de la crise que nous traversons, le gouvernement a décidé de ne toujours pas dévier d’un cm de sa trajectoire vers la fin d’un service public de santé de qualité. L’hôpital doit être rentable ou ne sera pas. Il ne sera donc pas ! Quitte à en faire payer le prix à la population, aux malades.

Mardi 10 novembre, était une journée nationale de mobilisation dans l’éducation nationale, l’heure était grève:

https://www.sudeduc31.org/articles-2020-2021/tou-te-s-en-greve-le-10-novembre-beaucoup-y-sont-deja/

Le constat est accablant et on s’arrête là, il vous suffit de reprendre le premier paragraphe plus haut et de remplacer respectivement les mots « hôpital » par « école » et « malades » par « élèves », et le contexte sera posé. Voilà ci-dessous l’ illustration de tout ça:

En pleine crise sanitaire, le gouvernement baisse les crédits de l’Éducation nationale

Le ministre ment et sa hiérarchie aussi. Dans le 31 « il n’y aurait aucun personnel contaminé », mais iels réquisitionnent de nouveau les ZIL REP+ (en supprimant les réunions des écoles concernées donc) pour remplacer les absent.e.s ! Il n’y en avait pas assez dès le départ de toute façon et ce depuis des années.

Remplacements épuisés : des postes tout de suite !

Les similitudes ne sont plus à démontrer, les derniers services publics sont en cours de démantèlement, et même en cette période le gouvernement ne déroge pas à sa ligne. Il choisit donc de confiner et de réprimer, plutôt que donner les moyens aux services publics !

Le 10 novembre, les grévistes ne s’y sont pas trompé.e.s !

Lors de l’AG de mardi, sous l’arche de Marengo, étaient aussi présent.e.s des camarades de la santé, des militant.e.s de la CGT CHU et de Sud Santé Sociaux.

Faisant le constat d’une nécessité de faire converger nos luttes, l’AG a décidé entre autre de former un cortège éducation, dans les manifs des soignants lors des prochaines journées de mobilisation.

Les autres décisions prises lors de cette AG dans le communiqué ci-dessous :

« Les grévistes affirment leur volonté de mettre en avant leur revendication d’augmentation des moyens pour l’éducation nationale : créations massives de postes d’AESH avec véritable statut de la fonction publique, de personnel médico-social, d’agents territoriaux, d’AED, d’enseignant·e·s, notamment en recrutant la totalité des listes complémentaires et en les abondant autant que de besoins, en admettant aux concours tous les admissibles des sessions 2020, en titularisant les personnels précaires.

  • dénoncent la répression et les violences policières contre les lycéen·ne·s qui se mobilisent, ne laissons pas les lycéen·ne·s seul·e·s face à la police.
  • appellent a réunir les équipes dans les établissements pour lister les revendications locales en terme de postes et de protocole sanitaire.
  • souhaitent que le cadre unitaire qui s’est amorcé autour des soignants sur la ville appelle à une nouvelle manifestation un samedi, et appellent a y constituer un cortège Education.
  • soutiennent le boycott du CDEN 31 par les organisations syndicales et demande à l’intersyndicale d’organiser un rassemblement le jour du CDEN (17 novembre) pour permettre aux établissements isolément mobilisés de se réunir.
  • s’adressent aux organisations syndicales aux niveaux locaux et nationaux pour construire une nouvelle journée de grève rapidement (fin novembre, début décembre) dans l’objectif d’élargir les revendications à un plan d’urgence pour l’éducation nationale au delà de la crise sanitaire.

Malgré les annoncent du ministre concernant les dédoublements dans les lycées, ne nous y trompons pas. Il faut en effet maintenant exiger que ces dédoublements se fassent de manière uniforme sur l’ensemble du territoire et dans le strict respect des obligations réglementaires de service. Il faut également amplifier le rapport de force pour imposer les dédoublements demandés par les équipes dans les autres niveaux.

La mobilisation doit permettre d’imposer un plan d’urgence pour l’éducation dans les premier et second degrés, incluant des recrutements massifs (à commencer par les listes complémentaires et la titularisation des contractuel.le.s) permettant de garantir l’enseignement en demi-groupes en classe.



Dans l’attente d’une éventuelle prochaine journée nationale, SUD éducation appelle les personnels à s’engager dans la poursuite de cette mobilisation par toutes les actions auto-organisées et mises en œuvre localement.

Echos des luttes dans le 31 :

Une camarade du collège de Cugnaux raconte :

« Nous sommes un gros collège : 1020 élèves environ, les classes de 6e sont plafonnées à 25 du fait du projet de « mixité sociale », tous les autres niveaux sont à bloc jusqu’à 31 élèves car les élèves d’ULIS ne sont pas inclus dans les effectifs de classe, et avec leurs AESH on est parfois jusqu’à 34 dans les classes.

Jeudi dernier 05/11, le nouveau « protocole » décliné du national a été présenté au CA. Les représentant.e.s des profs ont voté contre et ont annoncé que certains membres de l’équipe enseignante pensaient exercer leur droit de retrait dès lundi et l’application du « protocole » irréalisable à notre sens.

Par exemple les 1000 élèves rentrent tous par la même unique entrée en 15 minutes, séparés d’1m dès l’extérieur bien sûr… les mêmes 1000 descendent tous en même temps pour le même temps récré mais espacés d’1m dans les couloirs… on les laisse SEUL.E.S pour changer de salle, les classes ont une salle attitrée, les 30/31… Depuis septembre, nous n’avons aucune information sur la situation sanitaire du collège malgré nos demandes répétées. « Tout va bien »… Nous apprenons les cas positifs par les élèves ou les (rares) parents  qui envoient un mail, les cas contact sont inexistants… Pourtant au moins trois collègues ont été positifs mais nous n’en avons jamais été informés…

Agitation vendredi dernier en salle des profs et du chef ; doodle dans le we pour se positionner sur le droit de retrait : 20 pour, 8 non…

Lundi matin à 8H30, nouveau protocole, réorganisation des EDT, nous sommes donc seulement 5/6 à prendre les élèves à 8h30. On décide donc de se retirer à 09H30 (une fois le constat fait que le protocole n’est pas applicable) et en plus grand nombre. On est donc 14 à prendre nos élèves dans la cour, leur demandant de se mettre à distance car on estime ne pas être en sécurité dans nos salles, c’est aussi dans l’optique de ne pas surcharger la vie sco et de pas mettre les élèves davantage en danger.

Ceux qui n’ont pas cours, rédigent la lettre de retrait la dépose en leur nom et commencent à remplir le RSST en ligne. 12 profs sont en maladie…

De 09H30 à 10H30, le chef passe nous prendre à partie (chacun de ceux qui sont dehors) de manière peu amène et est particulièrement agressif avec certains parlant de « faute » et de « sanction ». Il prend des photos…

A la récré, deux collègues sont en pleurs ne supportant pas la pression du chef. Puisqu’il affirme que nous sommes en faute pour avoir pris les élèves dans la cour et par soutien aux collègues malmenés, nous restons en salle des profs.

Le DGI est inaccessible, le chef refuse de nous recevoir car il a « 1000 élèves à gérer puisque certains ont décidé de ne pas respecter le protocole ». On attend en travaillant sur des modalités de demi-classe, on remplit, difficilement, le RSST.

Un registre finit par sortir des tiroirs dans l’aprem : c’est le RSST. Nous recevons un mail mardi pour signaler que le DGI est (enfin) disponible au secrétariat qu’on peut venir le remplir.

Mardi : 32 profs absents entre grévistes, malades et en retrait.

Le chef a demandé qu’on réfléchisse à des modalités de fonctionnement en groupes pour jeudi matin… on ne l’a pas revu depuis. Il a été désagréable avec les collègues qui ont exercé leur droit de retrait mardi (car bossaient pas lundi) leur disant qu’ils étaient grévistes…
Nous n’avons aucune nouvelle officielle sur l’obtention de ces groupes; aucune demande écrite du rectorat… ni de reprendre, ni de proposer autre chose.
Parmi les « actifs » quelque un.e.s flippent et ont envie de tenter le compromis. D’autres sont pour continuer sur le retrait vu qu’on ne nous a pas demandé de reprendre. Bref, ça échange sévère sur les propositions de modalités pédagogiques, on se dirige vers un vote sur la version à proposer au chef.

Les parents d’élèves ont envoyé un mail de soutien lundi et on est en contact avec eux. »

 

Non à la criminalisation des élèves. Non à la répression des lycéen.ne.s

Les élèves, ces enfants, ces adolescent.e.s d’aujourd’hui, vivent une drôle de période.

Non content.e.s de devoir encaisser les changements inhérents aux évolutions de leur âge, (et de devoir supporter leurs parents et leur profs, toujours à la ramasse, comme nous n’en pensions pas moins à leur âge) iels doivent aussi faire avec une période d’insécurité permanente.

Insécurité réelle entre des évènements quotidiens d’une violence inouïe avec l’assassinat de Samuel Paty par exemple, la répression bien réelle aussi du moindre mouvement de contestation : iels ont vu la violence s’abattre sur les Gilets Jaunes, iels ont vécu l’héroïsation orchestrée des soignant.e.s puis leur répression, iels subissent aujourd’hui la leur directement depuis qu’iels défendent leurs conditions de présences dans les établissements en période de crise sanitaire.

Insécurité sociale, de l’existence, entretenue par les discours incendiaires des experts en prime-time sur les chaînes de (dés)information en continu et des ministres qui visent, stigmatisent et accablent une grande partie de la population de l’hexagone.

Il y a quelques jours, les ministres Blanquer et Darmanin ont pu développer sur de nombreux plateaux de radio et de télévision les cas de “violation” de la minute de silence en hommage à notre collègue. Le même ministre qui a annulé à la dernière minute les deux heures de préparation des personnels le jour de la rentrée de novembre. Lorsqu’elle a eu lieu, ce sont les personnels qui ont dû, bien souvent, l’imposer à leur hiérarchie. Pourtant, le ministre impose de signaler en dehors de l’école et de l’établissement immédiatement toute parole ou propos jugé déplacé de la part des élèves.

Résultat, des élèves âgé.e.s de moins de seize ans, parfois de moins de treize ans se sont trouvé.e.s suite à la dénonciation de collègues, convoqué.e.s et maltraité.e.s devant un procureur, des policier⋅ère⋅s, des gendarmes.

SUD éducation dénonce la criminalisation du comportement des élèves mineur.e.s. La plupart du temps, ces situations peuvent trouver leur solution au plan pédagogique, dans l’établissement ou l’école, avec les ressources de l’équipe pédagogique (CPE, AED, PsyÉN)…s’il en reste, et en lien avec les parents.

Cela requiert des moyens en personnels que le ministre Blanquer se refuse à donner au service public d’éducation, préférant livrer les élèves à la vindicte islamophobe.

En parallèle, les lycéen.ne.s qui luttent contre les conditions dangereuses d’accueil dans leurs établissement, dues à un manque criant de moyens, et d’anticipation de la part du gouvernement continuent de subir une répression féroce.

Des classes toujours plus surchargé.e.s, des programmes scolaires toujours plus tournés vers les savoirs dits fondamentaux, une réforme du lycée qui met à mal la vie de groupe et la possibilité d’accéder aux options de son choix près de chez soi, une sélection toujours plus drastique après le bac avec Parcour-Sup.

Qu’est-ce qu’on propose de mieux aux adolescent.e.s d’aujourd’hui? Qu’est-ce qu’on propose qui vaillent mieux que d’aller défendre son lycée, quitte à devoir affronter la police pour cela ?
Une république qui met ses lycéen.ne.s à genoux, une république qui brandit d’une main la liberté d’expression et de l’autre un texte historique révisé à la sauce néolibérale, une république au service d’un État qui répond « surveillance et répression » lorsqu’on lui pose la question des moyens pour soigner, éduquer, informer… ?

SUD éducation exige que cesse l’injonction à traiter de façon policière les propos des élèves, et revendique les moyens nécessaires. Cela passe par une véritable formation des personnels, des recrutements de personnels médico-sociaux et une baisse des effectifs en classe.

SUD éducation condamne les agressions de la police contre les lycéen.ne.s !

Manquerait plus qu’on puisse plus filmer ces violences, là ça serait terrible. Ha ben, c’est prévu en fait…lire ici

 

L’université aussi doit rentrer dans le rang !

On vous en parlait il y a quelques temps, le projet de Loi de Programmation de la Recherche va modifier encore plus en profondeur le fonctionnement des universités. Vous imaginez bien que ce n’est évidemment pas vers quelque chose de positif qu’on se dirige. Et si vous n’imaginiez pas, allez jeter un œil par là:

Déclaration de SUD éducation et SUD Recherche EPST

Mais ce n’est pas tout, le Sénat a voté des amendements qui aggravent encore le projet de LPR.

Non seulement le Sénat a validé la mise en place des dispositifs que sont les chaires juniors et les contrats de projets qui remettent en cause nos statuts et renforcent la précarité, mais les amendements nouveaux vont encore plus loin dans les attaques contre nos statuts et le démantèlement de l’enseignement supérieur et de la recherche publique.

L’amendement 234 modifie notamment l’article L 952-2 du Code de l’éducation pour assujettir les libertés universitaires au “respect des valeurs de la République” ce qui est une atteinte pure et simple à notre liberté d’expression, liberté indispensable à l’exercice de nos missions.

L’amendement 150, et le sous-amendement qui le prolonge, remet en cause l’exigence de qualification par le CNU pour l’accès aux corps de PU et de MCF. Il s’agit là d’une remise en cause frontale d’une instance élue démocratiquement et du caractère national des concours de recrutement de fonctionnaires d’Etat. C’est la porte ouverte à des recrutements faits sur la seule volonté de pouvoirs locaux.

Enfin, l’amendement 147 promet quant à lui un an d’emprisonnement et 7 500 € d’amende pour les personnes étant entrées dans un établissement d’enseignement supérieur « dans le but d’entraver la tenue d’un débat organisé dans les locaux de celui-ci ». Un délit qui porte donc sur une intention, impossible à caractériser précisément, qui remet en cause les franchises universitaires et qui constitue potentiellement une entrave aux mouvements sociaux.

Pour Sud Education, le projet de LPR doit être abandonné !

Le communiqué inter-orga en PDF ICI

Manquerait plus qu’ils utilisent des drônes pour réprimer les luttes, là ça serait terrible. Ha ben, c’est prévu en fait…lire ici

 

Après la guerre contre SUD Educ 93, Blanquer a l’air de se réconcilier avec le syndicalisme !

Enfin… Pas tous les syndicats, seulement ceux alignés avec la politique gouvernementale ! C’est le cas d’Avenir Lycéen, organisation lycéenne dont de nombreux membres sont également dans les rangs des Jeunes avec Macron et qui relaie sur son site plusieurs communications issues du ministère.

Devenue représentative, Avenir Lycéen a reçu 65 000 € (dont 40 000€ fléchés pour la tenue d’un congrès qui n’a jamais eu lieu). A croire que la dilapidation d’argent public s’apprend tôt chez les macronistes ; les dépenses ont été effectuées dans divers restaurants étoilés, hôtels de luxe, brasseries, ou retirées en liquide sans aucune justification. Les dirigeant.e.s de l’organisation se renvoient la responsabilité car très peu de dépenses ont pu être justifiées et très peu, également, ont été avalisées par la présidence de l’association.

Que des jeunes ayant accès à beaucoup d’argent d’un coup veuillent « se mettre bien », c’est une chose, mais l’attitude du gouvernement au vu de ces dilapidations d’argent public en est une autre ! Alerté sur ces abus, le gouvernement n’a pas réagit alors même qu’il est tenu de contrôler les actions pour lesquelles il accorde des subventions. Donc les 40 000€ alloués pour le congrès qui ont finalement glissé en frais de bouche et d’hôtel n’ont pas pu échapper au ministre ! Pourtant aucun changement ; Avenir Lycéen a réclamé 30 000€ euros supplémentaires de subvention pour l’année 2020 et … les a obtenus. Tandis que les autres organisations lycéennes voient leurs subventions grandement diminuer !

Mais bon, qui s’étonne encore du népotisme et du clientélisme latent dans la Macronie !

 

Délit de solidarité : faisons entendre une autre voix

Notamment en ce moment, avec le renforcement du contrôle aux frontières décidé avec l’épidémie de COVID, les conditions d’accueil des personnes exilées sont de plus en plus difficiles. De plus, pignon sur rue (et sur médias) est donné aux personnes hostiles aux étrangers et les quelques militant.e.s qui agissent pour l’accueil des étrangers en France sont criminalisé.e.s par un gouvernement de plus en plus xénophobe. SUD Education 31-65 fait partie du Réseau Éducation Sans Frontière (RESF31) et milite donc pour un accueil digne des personnes qui traversent les frontières.

Un guide récent vient d’être écrit afin de recenser les initiatives individuelles comme collectives de solidarité et d’hospitalité. Sur les questions d’actions humanitaires, d’hébergement, de franchissement des frontières, de résistances et d’opposition à une expulsion ou une interpellation, ce guide fait un état des lieux sur la législation en vigueur.

Dans ces temps troubles où l’individualisme prend une importance grandissante, n’oublions pas les pratiques de solidarité ! Comme le rappelait le Conseil Constitutionnel : « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national » est un principe de fratern-soror-ité !