Les nouvelles du jeudi 20 Mai

Le 21 Mai, en grève pour des réels moyens en REP et REP+!

On vous en parlait depuis quelques temps ici, l’éducation prioritaire est en cours de destruction. Alors en REP et REP+ les collègues se mobilisent encore cette semaine : nous appelons à les soutenir donc et à nous mettre en grève ce vendredi 21 mai pour sauver le service public d’éducation prioritaire…

 

Soutien aux lycéen.ne.s: après la police, l’administration complice de la répression. !

Puisque le ministère est resté sourd aux revendications pour l’annulation des épreuves de contrôle terminal de philosophie et du grand oral, partout en France des centaines de lycées ont été bloqués ces dernières semaines. La mobilisation s’est étendue avec des blocages partout en France. Malheureusement, comme à son habitude, le gouvernement a mis en œuvre sa désormais fameuse concertation à la matraque et à la gazeuse, et de nombreuses arrestations ont eu lieu.  Désormais l’administration s’en mêle et va plus loin en participant à la répression.

Pour l’abandon des plaintes contre Ambre du lycée Berthelot !

A Toulouse, mercredi 12 mai Ambre,lycéenne de Berthelot, a passé 6h en garde à vue.

Voici le communiqué de soutien de Sud Educ 31-65 pour l’abandon des plaintes contre elle:

Abandon des plaintes contre Ambre du lycée Berthelot

23 lycéen.ne.s d’un établissement de la Sarthe, exclu.e.s définitivement, hors tout cadre légal.

Dans un établissement du Mans, dirigé par un proviseur proche de Jean Michel Blanquer, un groupe de lycéen.ne.s, accusé.e.s d’avoir participé au blocage de leur lycée, est exclu définitivement. Les détails et le communiqué de presse de l’intersyndicale locale : ICI

Pour faire le point sur le fond, sur la question du contrôle continu/contrôle terminal, sur le tri social organisé, l’article sur notre site c’est par là:

Allié.e.s et solidaires avec les lycéen.ne.s. Non aux épreuves terminales inégalitaires, non à la répression !

Le communiqué de soutien de Sud Educ 31-65 aux lycéen.ne.s:

Stop à la répression des lycéen.ne.s ! Solidarité !

Le communiqué de soutien de l’intersyndicale Education 31 :

Soutien aux lycéen.ne.s mobilisé.e.s

Voilà de quoi faire le point avec les collègues, voilà de quoi continuer à être acteurs et actrices de l’auto-organisation, à l’écoute des besoins, des envies et des désirs des lycéen.ne.s, pour partager nos expériences et construire ensemble l’autodéfense pour ne plus rester sans réaction face à des élèves exposé.e.s aux armes de la police et embarqué.e.s dans les commissariats hostiles.

Université / Enseignement supérieur et Recherche

Courrier intersyndical adressé au premier ministre

La crise sanitaire n’a épargné personne et la jeunesse a été particulièrement affectée par la dégradation des conditions d’enseignement et par les confinements répétés. Pour que les étudiants et les étudiantes ainsi que l’ensemble de la communauté universitaire ne soient pas sacrifiés, l’État, via son budget et le plan de relance, se doit d’investir dans le développement du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La suite dans le courrier intersyndical adressé au premier ministre, ICI :

Colombie : Halte au massacre ! Solidarité avec les enseignant·e·s des universités, les salarié·e·s et la jeunesse !

Nos organisations syndicales de l’enseignement supérieur et de la recherche en France s’alarment de l’appel lancé par nos collègues des universités publiques de Colombie face à la répression sanglante que subit la population et particulièrement la jeunesse colombienne.

Alors que la pandémie fait rage, le peuple colombien s’oppose depuis plusieurs jours à des réformes impopulaires et se bat pour sa dignité. Ils et elles se sont massivement mobilisé-e-s contre la réforme fiscal exigé par le FMI qui prévoyait une augmentation de la TVA qui touchera les plus pauvres et contre la réforme du système de santé qui bénéficiera les intérêts privés. La réponse du pouvoir est à ce jour terrible: un bilan encore approximatif de cette barbarie fait état d’une cinquantaine de morts, 500 disparu-e-s, un millier de détentions arbitraires, 200 blessé-e-s dont 18 avec des lésions oculaires, 42 cas d’abus ou d’agressions contre des journalistes ou des membres d’organisations humanitaires et 10 cas de violence sexuelle et de genre.

Nos organisations rappellent avec nos collègues colombien-ne-s que le droit de manifester et de protester sont des droits constitutionnels en Colombie et parties intégrantes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme tout comme la liberté d’expression et d’opinion. En soutenant et diffusant l’appel de nos collègues, nous dénonçons la répression d’État que subissent les colombien-ne-s, nous exigeons que cesse le massacre en cours et que justice soit faite pour les victimes. Le président Ivan Duque et son gouvernement portent une lourde responsabilité et devront rendre des comptes. Quelques jours après le 1er mai, la solidarité internationale entre les travailleurs.euses de tous les pays doit garder toute sa force et s’exprimer le plus largement possible.

Le lien vers l’appel ICI.

Réforme de l’assurance chômage : l’éducation nationale ne sera pas épargnée !

Sud Education 31-65 fait le point

Rassemblement contre la réforme de l’assurance chômage, samedi 22 Mai à 14h00: l’appel interprofessionnel et inter-organisations départementales pour cette journée de mobilisation c’est ici:

 

Solidarité avec le peuple palestinien

Depuis plusieurs semaines l’armée et les bandes suprémacistes israéliennes multiplient les agressions à l’encontre des Palestinien.ne.s de Jérusalem. Ces agressions se sont étendues et c’est désormais la Bande de Gaza qui subit les bombardements massifs et incessants de l’armée israélienne. Après une semaine d’agression sur Gaza, le bilan s’élève à 192 Palestinien·ne·s assassiné·e·s, dont 58 enfants et 1235 personnes blessées ! Ces attaques sont les conséquences de la colonisation et d’un véritable nettoyage ethnique du peuple palestinien à l’œuvre depuis plusieurs décennies !
L’occupation, la colonisation, l’annexion, le blocus de Gaza sont des crimes de guerre. Au-delà de son silence, l’Etat français qui soutient ouvertement Israël est complice ! Il l’a une nouvelle fois démontré par la voix de son ministre de l’intérieur qui a réclamé l’interdiction des manifestations parisiennes. Ces interdictions s’inscrivent clairement dans un contexte de criminalisation du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien. De nombreux rassemblements et manifestations sont organisés partout en France pour dénoncer les agressions israéliennes et témoigner de la solidarité avec le peuple palestinien face à l’occupation et l’apartheid !
Nous appelons à amplifier ce mouvement de solidarité avec le peuple palestinien et à venir manifester nombreux et nombreuses à Toulouse ce samedi 22 mai à 10h30 au M° François Verdier !

Stop à l’agression israélienne contre la Bande de Gaza !
Levée immédiate du blocus !
Stop au nettoyage ethnique et à la dépossession !
Solidaires de la résistance du peuple palestinien !

Premiers signataires : Collectif Palestine Vaincra, Réseau Samidoun, NPA 31, BDS France Toulouse, le Mouvement de la Paix 31, Attac 31, Sud Educ 31.

 

1871-2021, la Commune a 150 ans !

Pendant 72 jours, les nouvelles du jeudi commémorent l’histoire de celles et ceux qui sont monté.e.s « à l’assaut du ciel » !

Cette semaine, la commune et les arts

Les écrivain.e.s et la Commune

L’ampleur de la Commune de Paris a suscité la réaction des écrivains et écrivaines de l’époque. Mais cette réaction a été quasiment unanime et même les écrivain.e.s associé.e.s à la littérature de « gauche » ou traitant de la condition ouvrière comme Georges Sand ou Émile Zola se sont farouchement positionné.e.s contre la Commune de Paris.

Que ce soit par vision aristocratique de l’art (avec le mouvement de l’art pour l’art qui se déconnecte de toute portée sociale ou politique) ou par simple mépris du peuple, la grande majorité des écrivain.e.s en vogue à l’époque (de Banville, Barbey d’Aurevely, Dumas fils, Flaubert, Anatole France, Gautier, Goncourt, Sand, de Ségur, Zola…) ont mis une ardeur des plus violentes pour conspuer les événements parisiens.

Lors de l’annonce de la prise de pouvoir par la garde nationale et la fuite du gouvernement à Versailles, les gens de lettres n’y voient que la concrétisation des instincts les plus bas de l’humanité et ne parlent pas de Révolution mais utilisent des termes criminels et animaliers, comme Théophile Gautier lorsqu’il décrit la population révolutionnaire parisienne : « il y a sous toutes les grandes villes des fosses aux lions, des cavernes fermées d’épais barreaux où l’on parque les bêtes fauves, les bêtes puantes, les bêtes venimeuses, toutes les perversités réfractaires que la civilisation n’a pu apprivoiser, ceux qui aiment le sang, […] population immonde qui grouille sinistrement dans les profondeurs des ténèbres souterraines ».

Beaucoup d’écrivain.e.s ont applaudi la répression pendant la semaine sanglante, comme Zola : « le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez grandir en sagesse et en splendeur » ou encore Flaubert considérant que la répression n’a pas été assez sévère : « on aurait dû condamner aux galères toute la Commune de Paris, la chaîne au cou, en simples forçats. Mais cela aurait blessé l’humanité. On est tendre pour les chiens enragés, et point pour ceux qu’ils ont mordus. »

Pour ces gens de lettres, la Commune de Paris ne pouvait résulter d’une lutte politique et de conditions sociales. L’insurrection était forcément erratique ou manipulée, soit par une poignée de dirigeants déclassés qui, déçus de n’avoir pu réussir, se consacrent à la haine et au meurtre : « des chefs ambitieux ou convaincus, charlatans ou prophètes, ont presque tous un point commun, c’est qu’ils sont déclassés » (selon J. Richepin) ou Daudet qui analyse le comportement de Vallès (membre de la Commune) comme trahissant des traumatismes d’enfance : « on devine le rire amer, les yeux pleins de bile de l’homme qui a eu une enfance malheureuse et qui en veut à l’humanité parce que, tout petit, il a porté des habits ridicules, taillés dans les redingotes de son père ».

Et si la masse du peuple a suivi ces dirigeants assoiffés de sang, c’est qu’elle est stupide, minée par l’alcool, ne pensant qu’à jouir, voler et tuer : « l’effronterie de ces coquins n’avait d’égales que leur bêtise et leur scélératesse. Cela puait le vin, la crasse, le jus de pipe, bien autre chose encore, et je ne sais quelle bestiale vanité ».

Dans les écrits et correspondances de ces auteur.rice.s transparaît également une grande misogynie : « nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes » (Dumas fils) et la xénophobie : « des faussaires polonais, des bravi garibaldiens, des pandours slaves, des agents prussiens, des flibustiers yankees cavalcadaient en tête de ses bataillons, plus chamarrés et plus galonnés que l’état-major de Souloque. Paris était devenu l’égoût collecteur de la lie et de l’écume des deux mondes » (P. de Saint-Victor)

Seuls Rimbaud, Vallès et Verlaine contemporains de la Commune y étaient favorable, et Victor Hugo qui, durant les événements, s’est tenu à une neutralité étrange mais qui s’est battu dans les années suivantes pour l’amnistie des communard.e.s.

Les artistes communards

Parmi les élus de la Commune, nous comptons neuf artistes dont : Gustave Courbet Jean-Baptiste Clément et Jules Vallès. Ces trois artistes exerçaient dans trois domaines différents : l’écriture et le journalisme pour Vallès, la chanson pour Jean-Baptiste Clément et la peinture pour Gustave Courbet.

Les artistes se sont organisé.e.s durant la Commune en Fédération des artistes de Paris qui comptait 16 peintres, 10 sculpteurs/graveurs, 5 architectes, 6 lithographes et 10 artistes industriels. Il s’agissait de confier aux artistes seuls la gestion de leurs intérêts et, toujours dans une logique d’autogestion, d’établir le gouvernement du monde des arts par les artistes.

Cette autogestion s’est notamment mise en place en réaction avec la censure impériale qui avait cours auparavant et permettre une totale liberté de création aux artistes. Les membres artistes de la Commune s’impliquent également dans une commission qui gère les Beaux-Arts dans laquelle les membres sont élus pour une année seulement (c’est ce qui était prévu s’il n’y avait pas eu la répression) et révocables à tout moment. Les artistes femmes étaient également admises (rappelons que les membres de la Commune étaient tous masculins) et chaque citoyen.ne pouvait communiquer des propositions allant dans le sens du progrès de l’art et l’amélioration du sort des artistes.

L’instruction par les arts est aussi de mise : Vaillant (délégué à l’Enseignement) considérait que les théâtres devaient être considérés surtout comme un grand établissement d’instruction et a signé l’acte d’ouverture d’une école professionnelle d’art industriel pour jeunes filles.

Dans les discussions des assemblées communales était aussi traitée la démocratisation de l’accès à l’art afin que sous le régime communal, toute galerie, bibliothèque ou collection soit ouverte largement au public et ne reste pas un privilège.

Une anecdote concernant Gustave Courbet : en avril fut discutée la destruction de la colonne Vendôme qui représentait le colonialisme et l’impérialisme napoléonien. Or, Courbet, considérant que cette colonne constituait quand même une œuvre d’art, a argumenté qu’il était préférable de la « déboulonner ». Mais, les Versaillais l’ont jugé comme étant le principal instigateur de cette destruction et Gustave Courbet fut emprisonné et condamné à vie à rembourser les frais de reconstruction de la colonne.

La Commune et la chanson

Une grande considération était portée durant la Commune aux chansons et à la musique. Nous avions parlé des artistes plastiques ou industriels dans les chapitres précédents mais faisons part belle aux artistes musicaux : de grands concerts aux Tuileries étaient organisés régulièrement et annoncés dans le journal officiel, ces concerts étaient soient gratuits pour être accessibles au plus grand nombre, soit contributifs par solidarité avec les familles des gardes nationaux tués aux combats.

Le peuple se réapproprie les arts et les murs de Paris. Dans ce palais des Tuileries était écrit sur les murs : «  Peuple ! L’or qui ruisselle sur ces murs, c’est ta sueur ! Tu rentres en possession de ton bien ; ici, tu es chez toi ! ». Et sur les murs des Beaux-Arts, un « tag » au charbon : « nous serons tous fusillés, mais nous nous en foutons ! »

Les différentes institutions artistiques ont été réappropriées par les communard.e.s : notons le cas de Fransisco Salvador-Daniel, compositeur de musique mauresque fusillé le 24 mai qui a été nommé directeur du Conservatoire par la Commune.

Les concerts les plus mémorables furent ceux de la tragédienne Florence Agar qui faisait des prestations à 1fr 50 au profit des veuves et orphelins ou encore, la grande chanteuse Rosa Bordas qui interprétait la chanson « La canaille » enveloppée dans un drapeau rouge et en tenue de Marianne.

Il y avait des chanteuses connues mais, durant la Commune, il y avait aussi une pratique populaire de la chanson. En effet, on chantait beaucoup pendant la Commune. L’usage de la chanson politique avait un rôle rassembleur : se forger une culture populaire commune. Mais cela a aussi permis d’accompagner l’événement et permettre une éducation politique car ces chants racontent les révolutions passées de 1789-1793, 1830 ou 1848 ainsi que les luttes ouvrières passées.

Il est aussi à noter la complexité musicale et la longueur des textes chantés sous la Commune : plusieurs chansons connues encore jusqu’à aujourd’hui (Marseillaise, la Canaille, le chant des ouvriers) dépassent les 8 couplets. L’historien Levasseur note également le cas d’un chant populaire rouennais de 910 vers chantés en chœur par les ouvriers.

Pour perpétuer la mémoire de la Commune en chanson, nous vous proposons une petite sélection de chansons ayant un rapport de près ou de loin avec la Commune (on vous laisse choisir les interprétations) :

– La semaine sanglante (1871 Jean-Baptiste Clément – Pierre Dupont)

– La canaille (1865 Bouvier – Darcier)

– Le chant des ouvriers (1846 Dupont)

– la danse des bombes (1871 Louise Michel)

– Libertat (1892 Clozel – Théron)

– Elle n’est pas morte (1886 Pottier)

– Marseillaise de la Commune (1871 Faure)

– Le temps des cerises (1866 Clément – Renard)

– Paris pour un beefsteak (1870 Deureux)

– Le sire de Fisch Ton Kan (1870 Burani – Louis)

La Commune en chansons

Quoi de plus normal pour célébrer la Commune et ses chansons que de commémorer la Commune en chanson ?

Pour les 100 ans de la Commune, à Paris, un événement populaire a rassemblé des centaines de milliers de personnes pour la montée au mur des fédérés et un album rassemblant Mouloudji, Francesca Solleville et Armand Mistral a été produit. De nombreux.euses chanteur.euse.s ont contribué à perpétrer le souvenir de la Commune à travers leurs chants comme Dominique Grange, Marc Ogeret ou Jean Ferrat.

Cette année, c’est les 150 ans de la Commune et, gardons la tradition, célébrons-la en musique. Sur le site de rue de la Commune : https://ruedelacommune.com/ un immense travail a été effectué et documente grandement cet épisode marquant de l’histoire.

Sur ce site, vous trouverez notamment un conte musical écrit par Anouk Colombani, autrice contemporaine et mis en musique par Mymytchell et Theus Erri (https://ruedelacommune.com/le-conte-audio/). Ce conte « il faut venger Gervaise » propose de venger celle que Zola a maltraitée dans son roman L’Assommoir en la condamnant à la décrépitude. Le conte retrace l’histoire de la Commune à travers le monde du travail et en particulier du travail féminin. Un spectacle adapté de ce conte a été créé et sera joué à Paris le 29 mai pour les 150 ans de la Commune.