Poste à profil pour les CP / CE1 à 12 dès la rentrée : une atteinte historique à la liberté pédagogique !

Prêt.e.s à montrer votre meilleur profil ?

Ça vient juste de tomber, et c’est la DPE qui se charge de faire redescendre une directive ministérielle, encore introuvable, par mail aux collègues de CP/CE1 dédoublés : les postes concernés vont être transformés en poste à profil dès la rentrée.

Pour celles et ceux qui sont déjà en poste, ils et elles ont 15 jours pour se positionner quant à leur avenir et répondre au rectorat !
Soit ils et elles acceptent d’être titularisé.e.s sur ces postes à profil et de rester cantonné.e.s à ce niveau de classe (toute leur carrière?), soit…ils et elles doivent participer au mouvement et potentiellement quitter leur école.

Pour les autres, pour pouvoir accéder à des postes en CP/CE1 dédoublés, il faudra passer par le mouvement en demandant ces postes fléchés. Ou en arrivant dans une école, ils et elles n’auront plus que la possibilité d’accéder à des classes de cycle 3.

Extrait du mail de la DPE :

Je vous informe qu’en application des directives ministérielles, la nature de votre poste va être requalifiée pour correspondre avec la réalité de votre service d’enseignement. En conséquence, assurant cette année votre service d’enseignement dans une classe dédoublée, votre poste est transformé en poste CP ou CE1 dédoublé à compter du 1er septembre 2021. Votre nouvel arrêté d’affectation vous sera adressé sur votre messagerie professionnelle prochainement. Cet étiquetage a pour effet de vous rendre titulaire du niveau de classe dédoublé correspondant. Par suite, à compter de la rentrée scolaire 2021 vous serez tenu d’assurer l’enseignement du niveau de classe correspondant à votre support, à savoir CLASSE DE CE1 DEDOUBLEE, spécialité SANS SPECIALITE et ne pourrez pas choisir d’assurer l’enseignement d’un autre niveau. Si vous ne souhaitez plus assurer cette mission à compter de la rentrée scolaire 2021, vous avez la possibilité de participer au mouvement 2021 en demandant à bénéficier des points et priorités afférents à une mesure de carte sur un poste d’adjoint.

Cette directive constitue une attaque gravissime contre la liberté pédagogique et l’autonomie des équipes pour construire la répartition des classes.

Le ministère s’assure le service d’enseignant.e.s aux ordres, jusque dans les pratiques pédagogiques.

Poste à profil et fiche de mission vont de pair. Les CP/CE1 dédoublés, leur batterie d’évaluation nationale et leur emploi du temps type préprogrammé vont pouvoir devenir statutaires. C’est la fin organisée de la liberté pédagogique.

L’administration va pouvoir obliger les collègues à répondre aux injonctions du ministre : batterie d’évaluations nationales, emploi du temps normalisé, méthode de lecture, etc en s’appuyant sur une fiche de poste bien verrouillée.

Mise en concurrence des collègues dans une même équipe et remise en question du conseil des maître.sse.s comme organe décisionnaire dans l’école.

Au sein d’une même équipe il y aura désormais des collègues qui pourront changer de poste selon des choix pédagogiques, d’autres non. Évidemment, cela laisse entrevoir un morcellement des équipes et un délitement du travail collectif, de la cohérence dans les équipes.

Plus largement, le conseil des maitre.sse.s se retrouve officiellement dépossédé de sa capacité de réflexion et de décision quant à l’organisation pédagogique de l’école. C’est encore un peu plus de pouvoir transféré aux chef.fe.s !

Sud Education 31 a sollicité une intersyndicale en urgence afin de discutter et de mettre en oeuvre au plus vite une réponse à la hauteur de cette attaque.

 

 

Tout ceci suit malheureusement la tendance à la mise en place de supérieur hiérarchique au sein même des écoles dans le premier degré.

Plus que jamais, combattons la proposition de loi Rilhac !

Le 10 mars, la proposition de loi Rilhac sur la direction d’école été soumise au Sénat. Le sénat a maintenu la délégation de compétences des autorités académiques pour les directrice·teurs (qui seront donc amené·es à prendre des décisions relevant des inspectrice·teurs de l’Éducation nationale). Le sénat a également retiré la phrase précisant l’absence de lien hiérarchique alors que la majorité de la profession refuse cette autorité.

En effet, depuis des années, nos collègues expriment leur rejet d’un statut pour les directrices et directeurs et l’ont massivement rappelé en décembre 2019 lors de la grande consultation ministérielle sur la direction d’école.

L’École a bien d’autres sujets brûlants et urgents en ce moment. Les sénateur.trices auraient été bien inspiré·es de rejeter la proposition de loi Rilhac dont nos organisations syndicales demandent l’abandon.

Le ministre doit arrêter de surcharger les directeurs de tâches qui ne relèvent pas de leurs missions, cesser les ordres et les contrordres permanents notamment dans le cadre de la crise sanitaire.

Luttons pour l’autogestion et la collégialité des directions d’écoles, une aide administrative statutaire dans chaque école, un réel allègement des tâches administratives, une amélioration des quotités de toutes les décharges de direction afin que chaque école bénéficie d’une décharge hebdomadaire !

Mais ils ne nous le donneront pas, nous n’aurons que ce que nous prendrons…