Nouvelles du Jeudi 25 Mars

Postes à profil en CP/CE1/Grande Section, le DASEN recule…

…pour mieux sauter ?

A Toulouse, nous nous réjouissons du recul du rectorat sur la question du profilage des postes CP/CE1/ Grande Section, aux effets catastrophiques, et sur lesquels on faisait le point dernièrement :

https://www.sudeduc31.org/articles-2020-2021/poste-a-profil-pour-les-cp-ce1-a-12-des-la-rentree-une-atteinte-historique-a-la-liberte-pedagogique/

Et nous nous réjouirons encore plus lorsque cela sera suivi « des faits », quand cette reculade aura été confirmée par écrit et pas seulement évoquée, peut être pour éviter la grêle d’un rassemblement de collègues en rogne.
Les giboulets de Mars, c’est comme le DASEN : après la pluie, quand on croit que le soleil revient, c’est l’averse !

SUD Education 31-65 maintient l’appel à la grève contre le profilage des postes en CP-CE1 dédoublés dans les écoles de REP et REP +.

En effet, malgré l’annonce orale du DASEN faite par téléphone à 2 organisations syndicales mardi, à 3 jours de la grève, les enseignant.es concerné.es et les écoles n’ont reçu à ce jour aucune notification officielle écrite confirmant cette information.
Le DASEN n’engage que sa parole sur le recul concernant le profilage des postes de CP/CE1. N’oublions pas ce qui s’est passé autour des annonces concernant les remplacements et la pondération : un préavis de grève, des annonces du rectorat de redéployer les remplaçant.e.s REP+, un jour de grève annulé… puis plus rien depuis, les collègues n’ont toujours pas pu profiter de ces réunions essentielles ! Ne nous laissons pas berner !

Les interrogations, les craintes et les revendications restent entières face à la casse des réseaux prioritaires, et de l’école en général.

Tous les points relevés lors des précédentes mobilisations sont loin d’être réglés, à ce jour nous n’avons rien obtenu de nos précédentes revendications : remplacements catastrophiques qui entrainent des fermetures de classes, contrats dans les REP, pondération donc.

L’info sur cette journée du 26 mars a déjà beaucoup tourné, de nombreux.se.s collègues ne voient aucune raison de s’arrêter en chemin et seront en grève vendredi. Certaines écoles seront fermées.

Sud éducation a porté le mandat de la grève en Intersyndicale et décide de maintenir cet appel.

Les personnels qui se mobiliseront vendredi restent couverts par le préavis généraliste de la fédération des syndicats SUD Education :

https://www.sudeducation.org/wp-content/uploads/2021/03/2021-03-16-Preavis-de-greve-du-16-mars-au-16-mai-2021.pdf

Comme prévu, RDV devant le rectorat à 10h30 pour une AG de grévistes.

On a regardé la météo, il va faire beau !

Au niveau national, la pression sur le ministère.
La lettre de l’intersyndicale nationale au ministre:

 

AESH : pour un statut, à la hauteur du rôle indispensable !
En grève le 8 avril !

Les AESH subissent les bas salaires, les temps incomplets imposés, une flexibilité à outrance avec les PIALs, alors ils et elles ont décidé de se battre, de se mobiliser massivement pour réclamer un vrai statut et l’abandon de ces PIALs.

Mais la précarité et la scolarisation des élèves en situation de handicap est l’affaire de tou.te.s !

Voilà un lien vers une émission concoctée par des AESH et proposée par une camarade de Sud Education Tarn. Elles y parlent de leur métier :

L’intersyndicale nationale et locale appelle à une grande journée de mobilisation le 8 avril pour exiger :

  • l’abandon des Pials
  • la reconnaissance du métier d’AESH avec la création d’un véritable statut intégré dans la Fonction Publique pour les AESH, afin de leur garantir une vraie formation et un vrai salaire !

 

Quel accompagnement pour les élèves en situation de handicap dans les classes ?

Le ministère entend faire de l’inclusion scolaire une priorité. Néanmoins il ne suffit pas d’inscrire un.e élève en situation de handicap dans une classe ordinaire pour parler d’inclusion, il faut lui fournir un véritable accompagnement.

L’inclusion scolaire version Blanquer c’est la fin des notifications chiffrées des heures d’accompagnement, une baisse du nombre d’heures pendant lesquelles les élèves sont accompagnés par un-e AESH, la mutualisation des moyens : l’administration contraint les AESH à intervenir sur plusieurs écoles, collèges et lycées auprès de plus en plus d’élèves !

Ce ne sont pas les besoins des élèves qui président aux modalités de l’accompagnement mais le nombre de personnels AESH disponibles sur la zone, dans le Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisé (Pial).

Cette politique a des conséquences désastreuses pour les élèves, qui ne bénéficient pas de l’accompagnement dont ils ont besoin et les personnels AESH, dont les conditions de travail sont encore dégradées pour des conditions salariales inacceptables : en moyenne 750euros par mois pour 24h de travail !

Face au Ministre Blanquer, la solidarité est notre arme !

Soyons nombreux et nombreuses en grève avec les AESH : l’école inclusive c’est d’abord des moyens pour permettre l’inclusion et des personnels déprécarisé.e.s !

 

Université :
ici comme ailleurs, des étudiant.e.s toujours plus touché.e.s par la précarité, une ministre qui ne pense qu’à détruire les facs avec la loi LPR et une loi dite de modernisation de la fonction publique qui revient sur le tapis.

A Toulouse, non au licenciement de Rozenn !

Rozenn, étudiante, salariée précaire chez Chronodrive Basso Cambo, temple de la flexibilité du travail, est en mise à pied conservatoire depuis le 6 mars, donc sans salaire et en attente de sanction. La direction a profité d’un tweet sur son compte personnel dénonçant le gaspillage alimentaire, alors que Chronodrive se vante de faire de l’écologie en vendant des produits BIO. En fond, la direction profite de ce message pour attaquer une salariée qui dénonce surtout des violences sexistes.

Une pétition de soutien pour le retrait des sanctions comptabilise plus de 20 000 signatures.
Derrière cette affaire, ce sont les conditions de travail, la précarité des salarié.es dans ce type d’entreprises au modèle libéral poussé à l’extrême.
Chronodrive Basso Cambo ce sont 120 salarié.e.s, 95 % ont moins de 25 ans, surtout à temps partiel, et travaillant pour la majorité, pour financer leurs études.

Cette lutte s’appuie sur la solidarité entre les travailleurs et travailleuse de cette boîte et a vu la création d’une section syndicale CGT.

Samedi 27 Mars, ils et elles seront en grève et appellent à un rassemblement devant le Chronodrive Basso Cambo à 15h.

Parce qu’une journée de grève pour des salaires de misère c’est déjà énorme, une caisse de grève a été lancée :

https://www.cotizup.com/caisse-de-greve-chronodrive

La direction sent bien que la pression monte, et n’apprécie pas la publicité autour de cette affaire. Elle tente par tous les moyens de faire taire les salarié.e.s. Depuis qu’une délégation syndicale a rencontré les collègues pour construire la grève, la direction fait cadeaux des invendus aux salarié.e.s !

 

Pétition demandant la démission de Vidal : une première étape de la construction d’une mobilisation pour le service public du supérieur et de la recherche.

SUD éducation était présent ce jeudi 25 mars à midi devant Matignon pour soutenir le dépôt des pétitions réclamant la démission de F. Vidal, et appelle les personnels de l’ESR à rejoindre massivement ce rassemblement à Paris.

À l’initiative de collectifs d’universitaires, cette pétition a atteint très rapidement plus de 22 000 signatures, expression de la défiance et de la colère de la communauté universitaire contre une ministre qui ne les représente pas et qui les calomnie.

Si ce sont ses propos accusant « l’islamo-gauchisme » de gangréner les universités qui ont poussé à cette pétition, la défiance des personnels de l’ESR vis-à-vis de F. Vidal est bien plus profonde et plus large.

Depuis 1 an maintenant, les universités sont très largement fermées, leur réouverture dans de bonnes conditions sanitaires est nécessaire et urgente !

Le recours à des enseignements à distance depuis 1 an a fait trop de dégâts auprès des étudiant-e-s, notamment chez les plus précaires. SUD éducation dénonce cette généralisation de l’enseignement à distance (qui vient par ailleurs d’être pérennisé à l’université des Antilles) qui ne peut se substituer à l’enseignement présentiel, détruit la qualité pédagogique des apprentissages, alourdit la charge de travail du personnel, favorise l’isolement et accroît considérablement les inégalités sociales entre les étudiant-e-s : cela ne peut plus durer, les universités doivent rouvrir avec des conditions sanitaires protégeant les étudiant-e-s et les personnels ! Parallèlement, les conditions de travail pour les personnels BIATSS continuent de se dégrader avec la généralisation du « travail à distance », alors que le premier confinement et de télétravail contraint a aggravé les risques psycho-sociaux (RPS) ainsi que les troubles musculo-squelettiques (TMS), le moins que l’on puisse dire c’est que la considération n’est pas au rendez-vous : retrait de RTT, « congés » imposés, primes versées dans l’opacité, atteintes au droit du travail notamment sur les conditions de télétravail, gel des salaires, menaces sur nos temps de travail….

Sourde et aveugle à la situation des étudiant-e-s et des personnels depuis 1 an, la ministre s’est entêtée toute l’année 2020 à faire passer en force une loi de programmation de la recherche que la très large majorité de la communauté universitaire rejette. Cette LPR, c’est une loi de néolibéralisation qui s’inscrit dans la poursuite des attaques contre l’enseignement supérieur et la recherche depuis le LMD, la LRU, la LOLF: financement de la recherche par appels à projets, notamment via l’ANR, au détriment de financements pérennes alloués aux unités de recherche, mise en concurrence à tous les étages, et oriente et limite les thématiques de recherche à des sujets dits « porteurs » et/ou « valorisables » par le privé, précarisation accrue des personnels qui touchera majoritairement les femmes. Cette loi, qui ne répondait déjà en rien aux attentes des personnels avant la pandémie, est d’autant moins la réponse aux enjeux de l’ESR depuis : c’est de financements pérennes dont la recherche a besoin pour fonctionner, c’est d’embauches de chercheur-euse-s, d’enseignant-e-s chercheur-euses et de BIATSS dont a besoin le supérieur, ce sont des locaux et des moyens de fonctionner dont ont besoins les universités, ce sont des revenus et de la stabilité dont ont besoin les étudiant-e-s.

À cela s’ajoute la mise en place de Parcoursup qui organise la sélection des futurs étudiant-e-s selon des critères largement de classe ; le portail Bienvenue en France qui a fait multiplier les frais d’inscriptions par 16 pour les étudiant-e-s extra-communautaires mettant à bas le principe même d’égalité face aux études ; la réforme actuelles de la formation des métiers de l’enseignement et des concours de recrutement des professeurs et la proposition d’un délit d’entrave et donc de criminalisation des mobilisations étudiantes et des personnels.

Mme Vidal défend depuis 3 ans un agenda pour néolibéraliser et museler l’ESR. Pour toutes ces raisons, SUD éducation soutient la campagne visant à demander la démission de la ministre F. Vidal : cette démission serait vécue comme une première victoire pour les personnels de l’ESR et les étudiant-e-s tant le mépris est total et la politique brutale. Cette campagne ne doit pas se focaliser sur les derniers propos de F. Vidal tant l’ampleur des dégâts de sa politique est grande.

Les difficultés de mobilisations sont réelles dans une période d’incertitude pour le secteur de l’ESR (fermeture des universités, télétravail, cours à distance, …) et de restrictions des libertés de circulation et de rassemblement pour l’ensemble de la société (état d’urgence sanitaire). Aussi, cette pétition n’est pas une fin en soi, elle doit être un levier pour reprendre la mobilisation qui s’est arrêtée en mars dernier pour imposer, au-delà du départ de F. Vidal, une autre politique pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Retour de la loi de modernisation de la fonction publique
1607 H l’arnaque de l’augmentation du temps de travail

Avec la loi de Transformation de la fonction publique du 6 août 2019, le gouvernement a pris la responsabilité d’ouvrir le dossier du temps de travail de manière conflictuelle, en faisant des 1607 heures un plancher annuel obligatoire, alors qu’il était jusqu’à présent un plafond. Dans la Fonction publique, cela signifierait la suppression de tous les accords passés avec un temps de travail inférieur à 1607 heures. La remise en cause de ces accords représente souvent entre 5 et 12 jours de congés supprimés !

 

Contre la précarité et la réforme de l’assurance chômage, toutes et tous dans la rue les vendredis !

Le mouvement d’occupation des lieux culturels ne cesse de s’amplifier. Au centre de ses revendications figure l’abrogation immédiate et totale de la réforme de l’assurance chômage, décidée en 2019 unilatéralement par le gouvernement et qui a pour conséquence majeure, au travers notamment du nouveau calcul du salaire journalier de référence et de l’augmentation du nombre de mois travaillés sur une période plus courte, de réduire drastiquement les montants des allocations des chômeurs-euses et d’en exclure une partie de l’indemnisation. Comme s’ils et elles étaient responsables de la situation dramatique dans laquelle le patronat les ont mis.es ! Faire payer les chômeur-euses pour une crise économique dont ils et elles ne sont pas responsables alors que déjà plus de la moitié d’entre eux ne sont pas indemnisé-es est proprement scandaleux !

Cette situation ne peut que provoquer ressentiment et colère. A l’inverse de cette nouvelle réforme de l’assurance chômage inscrite dans un projet de décret dont nous réclamons l’abandon, il est indispensable de :

Indemniser 100 % des chômeurs.euses avec des allocations au minimum au SMIC, dès 18 ans,

Prolonger l’année blanche sur les droits au chômage pour les intermittent.es du spectacle et l’élargir aux intermittent.es de l’emploi laissé.es pour compte (comme les extras de l’hôtellerie-restauration-évènementiel, intérimaires, saisonniers…) et que ceux.celles-ci bénéficient à nouveau des dispositions de l’annexe 4 de l’assurance chômage,

Ouvrir immédiatement les droits pour les cotisant.es aux annexes 8 et 10, peu importe le nombre d’heures cotisées,

Etendre le RSA aux jeunes de 18-25 ans, seule catégorie de la population à ne pas en bénéficier et créer un salaire étudiant,

Supprimer le décret de contrôle des chômeurs.euses de décembre 2018 et défendre un vrai service public de l’emploi, avec des moyens et du personnel,

Arrêter les CDD abusifs et les faire passer en CDI, qui doit être la norme d’embauche habituelle en tenant compte des particularités professionnelles.

Tous les vendredis, à l’initiative des lieux culturels occupés, des manifestations de la colère sont organisées jusqu’au retrait de cette réforme qui va mettre dans la misère de centaines de milliers de chômeurs-euses et jusqu’à l’obtention d’un meilleur système d’indemnisation du chômage. L’union syndicale Solidaires soutient ces initiatives qui doivent permettre de satisfaire nos revendications sociales contre la réforme mais aussi contre les licenciements, contre les aides publiques aux entreprises qui licencient, contre les exonérations de cotisations sociales et pour lutter réellement contre le chômage et la précarité. Cela passe par la création massive de postes de fonctionnaires dans les services publics et d’emplois en CDI dans les secteurs utiles socialement et écologiquement. Et cela passe également par les 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire.

Solidaires appelle dès ce vendredi 26 mars et ceux qui suivront l’ensemble des travailleurs.euses, précaires et chômeurs.euses, à cesser le travail et participer aux actions, manifestations, rassemblements qui sont prévus. Faisons émerger le printemps social à la hauteur de nos revendications, par la mobilisation et l’extension des occupations à tous les secteurs : c’est le rapport de force qui nous fera gagner !

 

A Toulouse, vendredi 26 mars « Aux Arts Etc… » donne RDV à tou.te.s ses ami.e.s pour le programme suivant :

Dans un premier temps a partir de 8h au théâtre de la cité pour une atelier costumes, maquillages et banderoles. Nous prendrons le temps de nous habiller en précaire de l’an 2039. Un peu comme dans le film la route, les fils de l’homme, les miséroïdes des inconnus…

Ramenez vos costumes et votre maquillage.Puis RDV un peu avant 10h au au métro Jean Jaurès, en costumes, pour une action revendicative, politique, démocratique et festive, quelque part dans la ville. (suspens)

 

1871-2021, la Commune a 150 ans !

Pendant 72 jours, les nouvelles du jeudi commémorent l’histoire de celles et ceux qui sont monté.e.s « à l’assaut du ciel » !

Cette semaine, l’école du peuple, première école publique, laïque et gratuite : Jules Ferry en PLS*

*Position Libérale sur la Scolarité

 

18 Mars 1871, Thiers et ses sbires ont abandonné Paris, pour se retrancher à Versailles et organiser la contre attaque, dont on connaît désormais la fin tragique, 72 jours plus tard.

Tactique bien connu de la terre brulée, ils organisent… la désorganisation, en faisant ordonner que tous les fonctionnaires et agents des ministères publics abandonnent leurs postes et emportent du matériel et des outils administratifs (registres, caisses, tampons…etc).

Les finances, l’hôpital, la poste, la voirie, l’éclairage, la police restent désormais à s’approprier par le peuple de Paris pour que la ville, de presque 2 millions d’habitant.e.s, puisse s’auto-organiser et fonctionner à nouveau. Certaines mairies d’arrondissement dont les tenant.e.s n’avaient pas rejoints Versailles et qui faisaient de la résistance, sont reprises par la garde nationale, vouée à la cause des communard.e.s.

L’école, elle aussi est à reconquérir !

A ce moment là, ce sont 250 000 enfants qui sont en âge d’être scolarisés. Un tiers n’accède tout simplement pas à l’école, le reste se répartissant pour moitié dans les écoles confessionnelles, pour l’autre dans les écoles communales. Mais dans tous les cas c’est l’église qui fournit les enseignant.e.s.

Une école de la république, celle ouverte à tou.te.s, commune donc !

S’appuyant sur le décret de séparation de l’église et de l’état et de suppression du budget des cultes, (celui du 2 avril 1871, hein, pas de 1905 !) la Commune institue l’école obligatoire, gratuite et laïque pour tou.te.s. La commission de l’enseignement, constitué dès la deuxième séance, charge les arrondissements de mettre en œuvre la réforme.

Une fois les bâtiments réquisitionnés et repris aux congrégations religieuse, ainsi que le recrutement des enseignant.e.s mis en place dans le courant du mois d’Avril 1871, le travail de fond peut commencer.

Une des premières mesures est l’égalité salariale entre les hommes et les femmes enseignant.e.s, des écoles de filles s’ouvrent aussi déjà rapidement.

Ecole publique et laïque oui, mais aussi intégrale !

Dans son contenu également l’école de la commune s’engage, conforme au principe d’égalité, dans la voie d’une éducation intégrale.

Héritière de l’école polytechnique portée par l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) et inspirée des principes pédagogiques du mouvement ouvrier socialiste, l’école de la commune organise ses programmes autour de la complémentarité entre culture générale et formation professionnelle. La bourgeoisie ne peut pas être la seule tenante du « savoir savant », ou d’une culture artistique et littéraire. Aussi, chacun.e doit être en mesure de répondre aux besoins collectifs en s’émancipant de la division sociale du travail.

Évacuant la hiérarchie des savoirs, faisant une nouvelle place à la formation professionnelle pour tou.te.s, la Commune vise à se doter d’une école en mesure d’assurer une éducation intégrale.

Il est fait appel aux ouvrier.es pour assurer l’enseignement dans les écoles professionnelles qui voient le jour. Dans le sillage du manifeste de la fédération des artistes, animée par Gustave Courbet, les artistes font aussi leur entrée dans les écoles.

Le chantier est immense, le projet est ambitieux et va au-delà de l’école élémentaire :

L’institutrice Marguerite Tinayre, passionnée de pédagogie, est nommée le 11 avril inspectrice générale des livres et des méthodes d’enseignement dans les écoles de filles de la Seine.

Les 15 et 17 mai 1871 : au nom de la Société des Amis de l’enseignement, Marie Verdure et Élie Ducoudray présentent à la Commission de l’enseignement un projet de création et d’organisation des crèches. Prémices de l’institution telle qu’elle existe aujourd’hui, elle dépasse (déjà !) le souci de la simple « garde  » des enfants, considère comme essentiels l’accueil éducatif du tout-petit, son éveil, l’affection à lui prodiguer, sa sécurité, les soins et son entourage.

Édouard Vaillant et la commission de l’enseignement pensent aussi au secondaire : le 11 mai, les écoles secondaires Turgot et Colbert, comptant 1000 élèves d’origine bourgeoise, sont réquisitionnées par la Commune.

Vaillant veut aussi réorganiser l’Université. Mais, là encore, forte opposition des Versaillais qui transfèrent à Tours l’Ecole Polytechnique pour éviter que les jeunes élèves officiers suivent l’exemple du polytechnicien Rossel rallié à la Commune ; les profs de l’école de Médecine fuient à Versailles également. De leur coté des étudiants des écoles de Pharmacie, des Mines, de Médecine, des Beaux-Arts et de Droit signent un manifeste soutenant la Commune.

Un projet d’école bien gênant qui aurait eu besoin de temps pour s’installer.

Durant 72 jours, ce foisonnement éducatif, culturel et artistique extraordinaire a permis d’imaginer ce qui aurait pu se faire avec du temps…

En même temps que la lutte sur les barricades pour défendre la Commune, les membres de sa commission d’enseignement ont tenté d’accomplir leur tâche en faveur d’une éducation nouvelle, intégrale, pour former des êtres libérés des chaînes de l’aliénation.

Stoppé net par la semaine sanglante et faute de temps, ce projet n’a pas eu l’occasion de montrer l’étendue de ses ambitions.

Très rapidement, cet épisode progressiste a été évacué, et même au-delà puisque Jules Ferry, contrairement à la mythologie répandue, a construit son modèle d’école républicaine contre le peuple ! Pour défendre son projet d’école de la république, moins de dix années plus tard, il précise :

« Si cet état de choses se perpétue, il est à craindre que d’autres écoles ne se constituent, ouvertes aux fils d’ouvriers et de paysans, où l’on enseignera des principes totalement opposés, inspirés peut-être d’un idéal socialiste ou communiste emprunté à des temps plus récents, par exemple à cette époque violente et sinistre comprise entre le 18 mars et le 24 mai 1871. »

On comprend mieux pourquoi les réalisations de la Commune ne figurent pas (ou si peu !) dans les manuels scolaires d’aujourd’hui…