Nouvelles du jeudi 10 février 2022

Chronique d’un racisme ordinaire.
Sous couvert de « valeurs de la république », le rectorat joue l’amalgame.

 

Le lundi 7 février, les enseignantes et enseignants du lycée Martin Malvy de Cazères ont débrayé pour protester contre les insultes racistes proférées par des élèves à l’encontre d’une enseignante.

Depuis le début de l’année, un petit groupe d’élèves a multiplié les provocations nazies (références à Mein Kampf, à Adolf Hitler ou Eric Zemmour, salut nazi, musique militaire nazie) et racistes (imitation de l’accent africain, et dernièrement, cris de singe), presque toujours pour atteindre la même enseignante. Malgré la patience de l’enseignante qui a multiplié dialogues et explications et la vigilance de la direction de l’établissement qui a prononcé des sanctions et rencontré les parents, ces mêmes élèves ont réitéré leurs provocations de façon particulièrement violente avec des cris de singe.

Cette fois, la coupe est pleine et les adultes ont manifesté leur solidarité et leur réprobation de façon forte et symbolique : badges contre le racisme et le fascisme faits maison, affiches placardées dans tout le lycée, débrayage en début de matinée, lettre collective lue aux élèves…

La mobilisation a été forte et collective et des discussions ont été enfin enclenchées avec tous les élèves, qui se sont senti.e.s elles-mêmes et eux-mêmes autorisé.e.s à dénoncer les agissements de leurs camarades. Les divers soutiens ont mis du baume au coeur de la collègue, profondément blessée par les agissements de ces quelques élèves. Elle va tout de même porter plainte pour propos racistes. Par ailleurs, la direction de l’établissement peut, depuis l’été dernier, elle aussi porter plainte comme personne morale pour outrage et c’est ce qu’elle a fait.

Le rectorat prévenu dès la fin de semaine dernière a été saisi pour « incident grave ». La procédure exige qu’un contact soit pris dans les 48h. Là, c’est le recteur lui-même qui s’est déplacé pour apporter son soutien à l’enseignante et à la direction. Il a refusé de rencontrer l’ensemble des enseignant.e.s qui souhaitaient une rencontre en plénière, égratignant au passage les deux mandaté.e.s de son mépris d’homme important s’adressant à la piétaille. Une lettre collective lui a cependant été lue.

Un membre de l’équipe académique « Valeurs de la république » est venu aussi pour « accompagner les enseignant.e.s dans leurs actions éducatives et pédagogiques ». Il a tenu un discours prêt à penser sur la radicalisation, l’antisémitisme, le séparatisme… tout droit issu de l’arsenal contre l’islamisme et particulièrement inapproprié ici. Les enseignant.e.s sont reparti.e.s plus confus.es que jamais, des amalgames plein la tête et au moins sûr.e.s d’une chose : ils et elles seront les plus à même de réfléchir avec leurs élèves et à la façon de résister au climat nauséabond actuel ainsi qu’à l’idéologie dont certain.e.s adolescent.e.s se font hélas les relais.

 

AESH, le combat continue !

A Toulouse, soirée de soutien Vendredi 11 Février 18h00-Bourse du Travail

Le manifeste d’une collègue AESH Toulousaine, à retrouver ICI

 

Dans le 94, une grève reconduite depuis un mois !

Communiqué de la fédération des syndicats de Sud Education

SUD éducation apporte tout son soutien aux AESH du 94 en grève !

Depuis le 10 janvier 2022, les personnels accompagnant·es des élèves en situation de handicap du Val-de-Marne sont en grève illimitée. Elles et ils refusent les avenants à leurs contrats de travail qui leur sont imposés par la DSDEN et le Rectorat.

À travers ces avenants, l’académie de Créteil entend poursuivre le déploiement des PIAL. Ces Pôles inclusifs d’accompagnement localisés sont un outil de mutualisation des moyens d’accompagnement et ont comme conséquences :

  • la dégradation des conditions d’accompagnement des élèves qui bénéficient de moins en moins d’heures d’aide humaine à leurs côtés par semaine ;
  • la dégradation des conditions de travail des AESH qui voient leur zone d’intervention étendue, leur emploi du temps changer régulièrement et qui ne peuvent plus mener à bien leurs missions.

L’école inclusive, sans moyens à la hauteur des besoins, n’est qu’un slogan publicitaire. La logique d’économie budgétaire va à l’encontre de celle d’un service public d’éducation de qualité pour toutes et tous les élèves.

Les AESH du 94 dénoncent également les bas salaires et les temps incomplets imposés. Les ridicules augmentations de salaires concédées par Blanquer ne résolvent en rien la question de la précarité. Preuve en est, l’indice de rémunération de l’échelon 1 est repassé sous le niveau du SMIC au 1er janvier 2022, obligeant le ministère à revoir une nouvelle fois la grille.

La grande majorité des AESH ont des contrats à temps incomplets, réduisant d’autant les revenus, jusqu’à passer sous le seuil de pauvreté.

  • Aux côtés des grévistes du 94 et des organisations syndicales qui les soutiennent, SUD éducation revendique
  • l’abandon des PIAL
  • de réelles augmentations de salaires
  • un temps de travail à taux pleins pour 24h d’accompagnement hebdomadaire
  • la titularisation dans un corps de fonctionnaire des AESH.

Les journées de grève nationale (8 avril, 3 juin et 19 octobre) démontrent que les AESH sont déterminé·es à faire entendre leurs revendications et à obtenir satisfaction.

Mardi 8 février, les AESH du 94 ont manifesté au ministère, à 14h au métro Solférino. SUD éducation se tient à leurs côtés !

Une caisse de grève en ligne est ouverte pour leur permettre de tenir : https://www.leetchi.com/c/caisse-de-solidarite-avec-la-greve-illimitee-des-aesh-du-val-de-marne

 

Campagne #déconfinons leurs droits-RESF 31

Dans de nombreux établissements scolaires de l’agglomération toulousaine, des enfants et leurs familles sont menacé.e.s et vivent dans des conditions difficiles sous la menace d’une mesure d’éloignement.

En dépit de la situation sanitaire, la communauté éducative se mobilise avec les enseignant.e.s, les parents d’élèves, des citoyen.ne.s, pour que les enfants et leurs familles puissent vivre dignement en France et aient accès aux droits fondamentaux, droit à un logement digne, droit à la santé, droit au travail…

Devant plusieurs écoles et collèges ces dernières semaines, des petits déjeuners, goûters, pétitions, permettent de faire vivre la solidarité au quotidien, d’aider ces enfants et leurs familles à l’acquisition d’un titre de séjour pérenne.

A Bastide et Dottin le 12 janvier, Berthelot le 19, Calas-Dupont le 26, Nougaro le 9 Février…

D’ici le 16 Février des mobilisations se dérouleront sur plusieurs établissements scolaires.

Le 16 février, les familles et les collectifs d’établissements scolaires reviendront devant la Préfecture de la Haute-Garonne pour porter collectivement l’exigence de l’accès aux droits et à des papiers pour toutes et tous !

Rassemblement devant la Préfecture

Mercredi 16 février 2022 à 16h30

Place Saint-Étienne à Toulouse

 

Enseignant·es contractuel·les à tiers-temps alternant·es : une nouvelle étape dans la disparition de la formation des professeur·es

Communiqué de la fédération des syndicats de Sud Education

Depuis la rentrée et en application des dernières réformes concernant l’entrée dans le métier d’enseignant·e, il existe des contractuel·les “tiers-temps alternant”, c’est-à-dire des étudiant·es en deuxième année de Master (M2), n’ayant validé ni le diplôme ni le concours, à qui des missions d’enseignement en établissement sont confiées, y compris devant élèves.

Ce dispositif est au départ présenté sous la forme d’une immersion progressive dans le métier. En effet, les étudiant·es contractuel·les “tiers-temps alternant” effectuent un tiers-temps de service en responsabilité en établissement ou école encadré par un·e tuteur/tutrice. Les deux autres tiers du temps, ils et elles sont en formation pour préparer leur concours.

Comme souvent dans les dispositifs ministériels, la forme peut paraître positive et intéressante, en matière de formation. Mais ici comme pour toutes les dernières réformes, il ne s’agit ni plus ni moins que de faire assurer des missions d’enseignement à moindre coût ; les étudiant·es étant tout juste indemnisé·es, c’est-à-dire rémunéré·es à tiers temps.

En effet, pendant cinq semaines, ces collègues “tiers-temps alternant·es”, se retrouvent en charge complète d’une classe, dans une école au sein de laquelle ne se trouve même pas forcément leur tuteur ou tutrice. Il s’agit donc bien d’un cas de remplacement longue durée, assuré par des collègues contractuel·les qui ne bénéficient même pas d’un salaire décent ni d’une formation suffisante, utilisé·es comme moyen d’enseignement afin de combler des absences et autres heures de cours qui ne peuvent plus être assurées par des fonctionnaires, conséquence de la Loi de Transformation de la Fonction Publique.

SUD éducation dénonce fermement ces procédés qui mettent en péril l’ensemble du service public d’éducation. Un⋅e enseignant·e doit être un⋅e fonctionnaire dûment formé⋅e, et pendant cette période, disposer du statut de fonctionnaire-stagiaire. Il n’y a qu’à ces conditions que la mission de service public de formation des futur·es citoyen·nes est garantie.

SUD éducation continue à cet égard de revendiquer l’abandon de la réforme en cours de la formation des enseignant·es.

 

Charonne, 8 février 1962, l’état réprime, la police assassine !

Janvier 1962. C’est bientôt la fin de la guerre d’Algérie. La colonie française va, inéluctablement, vers la seule issue possible, l’indépendance que l’OAS -Organisation de l’Armée Secrète- ne peut accepter. En ce début d’année, l’organisation d’extrême-droite jusqu’auboutiste adresse ses voeux à ceux qu’elle considère comme des traîtres, « les bradeurs de l’Algérie française » : « L’OAS frappe où elle veut et quand elle veut ». Plasticages, attentats, incendies, « ratonnades », enlèvements et hold-up se multiplient.

Dans l’hexagone, le 3 janvier, un fonctionnaire, ex-membre du parti communiste algérien, est abattu à Alençon. Le 6, à Paris, le siège du parti communiste est mitraillé. Le 18 janvier, « nuit bleue » : 18 charges de plastic explosent en quatre heures. Le 21, un convoyeur de camion est tué, 47 personnes blessées par une explosion au quai d’Orsay. Le 24, nouvelle « nuit bleue » : 22 explosions au domicile de journalistes et de militants de gauche marquent l’anniversaire de la semaine des barricades. Le 7 février, un nouvel attentat vise le domicile de Malraux. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, est très grièvement blessée et défigurée. Aussi, la manifestation prévue (mais interdite) à l’initiative du parti communiste, du PSU et des étudiants et lycéens du Front Universitaire Antifasciste contre les exactions de l’OAS et pour la paix va rassembler, le lendemain 8 février, une foule immense. Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent aux cris de « OAS assassins ! »

Quelques mois après l’épouvantable répression de la manifestation des Algériens, le 17 octobre 1961, la police, toujours sous les ordres du sinistre et ignoble préfet Papon, récidive. Les manifestant.e.s se heurtent aux assauts de policiers déchaînés qui inaugurent ce jour-là les « bidules », longues matraques plombées. Vers 21 heures, boulevard Voltaire, un groupe qui cherche refuge s’engouffre dans la bouche de métro Charonne et se trouve pris au piège. La station est fermée. La police charge, frappe, projette sur les gens les grilles des arbres.

Bilan : 8 morts, étouffés ; 150 blessés.

Le 13 février, partant de la République, un cortège de 500 000 personnes accompagne les huit cercueils jusqu’au cimetière du Père Lachaise.