Monsieur Macron, nous ne sommes pas les figurant-es dociles des mises en scène organisées pour servir votre propagande ! Communiqué de Sud-Education 81.

La forme qu’a prise votre visite dans le Tarn le jeudi 9 juin est scandaleuse, elle heurte notre sens de
la démocratie, notre souci de préserver les libertés, les droits et la sûreté de chacun-e.
Votre venue en grande pompe, en compagnie de votre ministre de l’intérieur et de celui chargé des
collectivités territoriales, s’est accompagnée d’une interdiction de manifester et de se rassembler sur
un large périmètre par arrêté préfectoral. Une ville barricadée, une population muselée, est-ce là
votre conception de la démocratie ? Nous contestons et dénonçons ces atteintes à des libertés
fondamentales.
Pire encore, à l’occasion d’un bain de foule savamment orchestré, une lycéenne a rompu la partition
bien réglée : elle vous a interpellé en pointant la discordance entre d’une part des annonces
grandiloquentes proclamant les violences faites aux femmes comme grande cause de votre
précédent quinquennat et d’autre part le maintien et la nomination au gouvernement d’hommes
accusés de viols et de violences à l’encontre de femmes. Non seulement vous n’avez pas daigné
répondre à cette question légitime, mais encore les gendarmes sont, dès le lendemain, venus
chercher cette jeune femme dans le lycée où elle est scolarisée pour lui demander des comptes.
Monsieur Macron, c’est vous qui avez des comptes à nous rendre ! Cette citoyenne a posé une
question importante et d’intérêt public à laquelle nous exigeons une réponse. Nous demandons par
ailleurs des explications sur la procédure qui s’est enclenchée et qui a conduit des gendarmes à
intervenir dans un lycée pour extraire de cours cette jeune femme et l’interroger, pour la sermonner
et lui faire des recommandations injustifiées : lui dire que « ce n’était pas à faire » et lui expliquer
que pour interpeller le Président elle doit passer par des « voies hiérarchiques » et écrire à l’Élysée
relèvent de considérations abusives. Nous ne nous contenterons pas des excuses penaudes de la
gendarmerie et nous ne sommes pas dupes : cette intervention des gendarmes n’est pas une
maladresse, c’est une tentative d’intimidation dans la droite ligne des pratiques autoritaires qui
caractérisent l’ensemble de votre visite dans le Tarn.
Dans tous les cas, ces faits nous informent sur la conception de la sécurité que vous êtes venu
défendre dans le Tarn et sur l’usage qui sera fait des brigades de gendarmerie dont vous avez
annoncé la création. La sécurité qui sera assurée n’est pas la nôtre mais la vôtre. Nous ne sommes
pas dupes là encore et ne l’avons jamais été, preuves à l’appui : ces « gens d’armes » ne garantissent
pas le respect de nos droits, ils sont les relais de vos décisions, les agents d’une répression qui, ici
même, a coûté la vie à Rémi Fraisse, qui a mutilé et privé de liberté des gilets jaunes, des
manifestant-es. Les ordres qu’ils exécutent visent à étouffer toute opposition, toute parole
contestatrice. Le traitement infligé à cette lycéenne qui a usé de son droit d’expression le confirme.
Monsieur Macron, vous ne nous ferez pas taire, nous userons de tous les moyens pour contester vos
manœuvres autoritaires et défendre nos droits. Nous userons de tous les moyens pour faire entendre
d’autres voix que la vôtre et celle de vos relais, pour porter nos revendications, pour nous organiser
et construire une autre société que celle que vous nous imposez.


À Albi, le 12 juin 2022