Mixité sociale : vue d’en bas.

vuedenbas

Pour savoir, pour connaître, pour comprendre ce qui se joue autour de la fermeture des collèges Raymond Badiou (Reynerie) et Bellefontaine dans le quartier du Mirail à Toulouse, autrement que par « les voix de leurs maîtres »… :

Vous pouvez suivre les luttes en cours sur facebook ici


Vous pouvez regarder cette vidéo, première d’une série à venir : « Reynerie en lutte n°1 : manifestation du 11 janvier 2017 devant le Conseil départemental »

Vous pouvez lire cet article publié sur le blog de Médiapart

Vous pouvez (ré)écouter cette émission sur Canal SUD qui donne la parole à celles et ceux qu’on ne veut pas entendre

Et si vous ne connaissez ce quartier qu’à travers ce qui s’en raconte dans les médias qui ont « pignon sur rue », vous pouvez regarder ces vidéos réalisées par l’équipe de TV Bruits avec des jeunes du Mirail

On dirait bien que la mixité y est une réalité quotidienne…. bien plus que dans d’autres quartiers

Mixité sociale : vue d’en bas.

A Toulouse, sous prétexte de « mixité sociale » (un cache misère bien pratique !) le Conseil départemental, soutenu par les autorités académiques, a décidé la destruction de 2 collèges du quartier Mirail : le collège Raymond Badiou (ex-Reynerie) et celui de Bellefontaine.
Sur le site du conseil départemental qui présente ce « projet », on cherchera en vain les réponses à ces questions posées par les parents d’élèves et les collègues de Badiou et Bellefontaine : Pourquoi avoir accordé des dérogations qui ont empêché la mixité dans nos collèges pendant des années ? Et qu’est-ce qui garantit que vous n’allez pas recommencer  ? Pourquoi ne pas attendre la construction des deux nouveaux collèges ? 2 nouveaux collèges : où, quand, pour qui ? Que vont devenir ces quartiers sans collèges, abandonnés de la République ? Les élèves sont-ils les cobayes d’une expérimentation sur la mixité sociale (loi sur la mixité sociale de 2013) ?
Quelle est la date du vote au Conseil Départemental ?

Comme on l’enseigne aux élèves, il est aussi très important de croiser ses sources pour se faire sa propre opinion. Sur cette épineuse question, croiser ses sources demande un effort particulier : il faut aller « de l’autre côté du périph», dans ce quartier du Mirail qualifié de « ghetto ethnique », de « foyer de radicalisation », dans lequel « la République est en danger » (sic, sic et re-sic… selon d’éminents représentants du Conseil Départemental et de l’Inspection académique). Propos tenus en réunions publiques de « concertation » ou devant les médias locaux….

Jeudi dernier, 19 janvier à 18h, une réunion publique était organisée par les collègues du collège de Bellefontaine. Une occasion d’aller à la rencontre des parents d’élèves et des habitant-e-s du quartier pour les entendre (les médias leur donnent si peu et si mal la parole…) et dialoguer avec eux. Pour information, à l’entrée de la salle de réunion, les représentantes des élèves (oui, que des filles…) avaient pris l’initiative de faire remplir un questionnaire nominatif : « êtes-vous pour ou contre la fermeture du collège ? ». 168 personnes ont répondu à ce questionnaire (c’est « un indicateur chiffré », comme les aiment nos « experts », qui donne une idée du taux de participation à cette réunion…). A cette question : – 16 personnes ont répondu être pour la fermeture ; – 134 sont contre ; – 18 ne savent pas.

Des représentants du Conseil départemental et de l’EN avaient été conviés pour répondre aux questions. Le rectorat et l’IA n’ont pas daigné se déplacer. Trois représentants du Conseil Départemental étaient là. Seul Monsieur D. a « répondu » aux questions. Les deux autres personnes (dont une élue PS sur le quartier) n’ont pas ouvert la bouche de toute la soirée… Dans la salle, une majorité de parents d’élèves et d’élèves (anciens ou actuels), mais aussi des représentants d’associations du quartier, des salarié-e-s de la Médiathèque du Grand M, des personnels enseignants et administratifs des écoles primaires et collèges du quartier du Mirail. Car ces fermetures auront un impact bien au-delà des murs de ces 2 collèges, personne n’est dupe….

Plusieurs mamans ont expliqué de façon très concrète leur inquiétude et un profond sentiment d’injustice et de trahison : on leur avait promis que les familles auraient le choix du collège. Elles ont pourtant déjà reçu (avant même le vote définitif du projet !) un dossier d’affectation pour les 6ème dans des collèges très éloignés : Balma, Bellevue, Tournefeuille, les Chalets, Fermat…. Certaines ont raconté leur quotidien de femmes en situation précaire : élevant seules leurs enfants, occupant des emplois précaires, souvent en horaires décalés (vous savez ces femmes de ménage qui commencent tôt ou finissent tard et qu’on croise souvent sans même leur dire bonjour, celles qui s’occupent de nos vieux parce que nous, on n’a pas le temps..), avec des patrons peu conciliants, souvent aussi sans voiture…. Elle s’inquiètent de l’obligation faite à leurs enfants de manger à la cantine, ce qui n’est pas le cas quand le collège est à 5 minutes, de la difficulté qu’elles auront à rencontrer les équipes éducatives dans ces collèges éloignés…. Elles expliquent que l’effort de mixité sociale, elles l’ont fait en quittant leur pays, qu’elles ont appris le français, fait des formations, que leurs enfants sont scolarisés dans les écoles de la République et de nationalité française… sans pourtant être considérés comme tels et traités comme les autres. Cette réunion a été entièrement filmée et enregistrée par un parent d’élève et une collègue de Badiou.

Il faut y avoir assisté pour avoir été témoin de cette remarque du représentant du Conseil départemental à qui on demandait de parler plus fort et qui répond d’un ton narquois « c’est vrai je n’ai pas le gosier de la maman qui a pris la parole tout à l’heure, elle, on devait l’entendre jusqu’à la Reynerie ! ». Ce n’est peut-être que formel, mais ça reflète bien le fond : une grande violence politique et un mépris de classe évident, le tout teinté d’un « imaginaire colonial » qui a encore de beaux jours devant lui.

 

Une émission sur Canal SUD qui donne la parole à celles et ceux qu’on ne veut pas entendre :

http://www.canalsud.net/?L-ecole-pour-les-enfants-des

A venir une autre émission relatant l’assemblée qui s’est tenue jeudi 19 au soir: