Nouvelles du jeudi 1er juillet

Baccalauréat 2021 : inégalitaire (ça n’est pas leur but de toute façon), chaotique (ils diront que tout va bien dans tous les cas) et maintenant dystopique.

Augmentation du contrôle continu : Blanquer profite de la crise sanitaire pour enterrer le bac

SUD éducation a pris aujourd’hui connaissance des nouveaux changements qui seront soumis à l’avis du Conseil supérieur de l’Éducation du 2 juillet prochain. Les épreuves communes, auparavant E3C, sont amenées à disparaitre à compter de l’année scolaire 2022, au profit du contrôle continu intégral pour 40 % de la note finale du baccalauréat général et technologique.

Le français en première, la philosophie et les deux épreuves de spécialité constitueront les seules épreuves terminales pour 60 % de la note finale. Elles ne seront pas évaluées en contrôle continu.

Les autres disciplines (enseignement de spécialité en premières, langues, EPS, EMC, Histoire-géographie, enseignement scientifique en filière générale et mathématiques en filière technologique) seront évaluées exclusivement en contrôle continu dans les établissements. La moyenne des moyennes annuelles comptera pour 40 % de la note finale du baccalauréat.

La peinture de la réforme Blanquer du baccalauréat est encore fraiche : cette année est la première qui verra des bacheli-ère-s être diplômé-e-s dans les conditions imposées par la réforme. Pourtant, le ministre est déjà en train de modifier de nouveau les épreuves.

Le ministre profite cyniquement de la crise sanitaire pour imposer son agenda d’un baccalauréat maison, de plus en plus délivré par les lycées et non un premier grade universitaire de la même valeur pour toutes et tous, obtenu à l’issue d’épreuves déterminées nationalement et anonymes. Cette décision s’inscrit dans la continuité de la mise en œuvre de parcoursup et de l’esprit de la réforme du baccalauréat général et technologique. Plus inquiétant encore, la rédaction proposée par le ministère du Code de l’éducation fragilise encore davantage le maintien des épreuves terminales qui subsistent.

Cette nouvelle réforme pèsera lourdement sur les conditions de travail des personnels. Les EC étaient lourds et difficiles à organiser, en particulier en langues, mais les équipes s’efforçaient d’organiser un cadre d’épreuves qui offre des garanties aux candidat-e-s. Désormais, les personnels enseignants deviendront directement comptables de la réussite des élèves aux yeux des familles dont la pression à la hausse des résultats ne manquera pas de se faire bien plus forte.

Pour SUD éducation, il est nécessaire de revenir à un véritable diplôme national du baccalauréat, qui offrait les garanties nécessaires à l’égalité des candidat.e.s.

SUD éducation s’oppose au passage au contrôle continu intégral, et revendique l’abrogation de la réforme du baccalauréat et du lycée, et votera contre les textes ministériels en CSE.

Les élèves ont besoin de personnels qualifiés, pas de cours en ligne !

Communiqué FO, CGT, SUD, FCPE, SNALC

Le ministre Jean-Michel Blanquer a délibérément désorganisé l’École

Depuis le début de la crise sanitaire, l’obligation scolaire a été bafouée. Cours à distance, suppressions de milliers d’heures de cours, enseignants non remplacés, fermetures de classes, renvoi des élèves chez eux, animateurs sollicités pour remplacer les enseignants… Or le rôle de l’État est de garantir « l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. »

Le ministre envisage d’utiliser cette situation pour faire basculer l’école dans autre chose que l’école.

Pérenniser l’enseignement distanciel

Dans le cadre du « Grenelle de l’Éducation », Jean-Michel Blanquer prend 12 engagements qui, en réalité, vont dans le sens d’un démantèlement sans précédent de l’école publique et laïque.

En particulier, l’engagement n°11 promet une « continuité pédagogique efficace ». S’agit-il d’annuler les fermetures de postes ? De créer massivement des postes d’enseignants ? Force est de constater que l’objectif du ministre est tout autre. Il compte améliorer le remplacement par « l’optimisation des organisations actuelles de remplacement en s’appuyant sur les ENT », « le recours à des dispositifs de type “cours en ligne” ou au travail en autonomie anticipé et encadré sous la surveillance d’un assistant d’éducation », « pour les chefs d’établissement, la possibilité de recourir à des heures supplémentaires ponctuelles pour les assistants d’éducation. »

Au même moment, « une application numérique dédiée au remplacement des professeurs absents est expérimentée dans la Somme, pour une généralisation au premier trimestre 2022. » C’est un pas de plus vers la « dématérialisation de l’État », en lieu et place de personnels qualifiés.

Toutes ces mesures accélèrent la commercialisation du service public d’Éducation nationale.

Pour un recrutement massif de personnels titulaires

Le ministre a annoncé 1 800 suppressions de postes dans le second degré pour septembre 2021, alors que la moyenne d’élève par classe explose. Dans le 1er degré, les moyens sont nettement insuffisants pour assurer les remplacements et les problèmes surgiront à nouveau dès la rentrée.

Nous exigeons que le ministre annule les suppressions de postes et les fermetures de classes, qu’il mette immédiatement en place les conditions d’un retour à l’école de tous les élèves, à 100% en présentiel avec la création massive de postes à la hauteur des besoins.

Nous appelons les parents d’élèves et les personnels à continuer de s’organiser ensemble pour porter les revendications en direction des autorités, et à mettre en discussion la question d’aller au ministère pour dire « STOP ! On n’accepte pas ! Rendez-nous les postes pour les élèves et laissez les enseignants enseigner ! »

Nous voulons des créations de postes, pas des robots !

Santorin, une île grecque paradisiaque en mer Egée… ou un logiciel de correction en ligne permettant de surveiller les profs : le ministère a choisi l’ambiance de ses vacances !

Les correcteurs et correctrices des écrits du baccalauréat se sont vu.es cette année, sans concertation, sans information ni formation, imposer de corriger leurs copies sur la plateforme en ligne Santorin. Celle-ci intègre une fonctionnalité permettant de surveiller à distance le travail des correcteurs et correctrices en instituant des coordonnateurs et coordinatrices de corrections (nouvelle fonction dont personne ne connait le contenu) et permettant aux rectorats de pointer quotidiennement l’avancement de chaque collègue qui corrige.

Bien évidemment, les rectorats ne se privent nullement de se servir de cette dernière fonctionnalité dans de nombreuses académies.

Sud Education 31-65 écrit au recteur, pour dénoncer des agissements scandaleux, dangereux, à l’opposé de l’école pour laquelle nous luttons !

Dans l’Hérault, l’intersyndicale monte au créneau.

Ailleurs, ça bouge, ça grève chez les profs de Philo…

Lille

Montpellier

Amiens

Poitiers:

 

Nouveau Bac de français : les recettes de l’échec

Un texte d’une camarade de Sud Education 31-65 à retrouver ici:

https://blogs.mediapart.fr/fanny-monbeig/blog/260621/nouveau-bac-de-francais-les-recettes-de-lechec

Le Bac Blanquer en action : grâce au Covid, le gouvernement a échappé, cette année encore, à une confrontation au réel. Sauf en français, où pour la première fois, le nouveau Bac est expérimenté, par des profs désabusés et des élèves méprisés.

Mépris pour la littérature

Avant que M. Blanquer ne se mêle de ce qui ne le regardait pas, j’initiais mes élèves de Première à des œuvres exigeantes, ardues, belles, contemporaines : Marie NDiaye, Wajdi Mouawad, Aimé Césaire. Il se trouve qu’aucun de ces auteurs n’était blanc.

Nous en parlions ensemble, nous réfléchissions à la taille de l’Empire francophone, et à l’exiguïté de la capitale littéraire parisienne. Je choisissais aussi des textes tout à fait classiques, et j’aimais déconstruire les approches traditionnelles – Edward Saïd pour questionner Montesquieu.

Mon année était cohérente, elle s’adressait à des élèves vivants, elle posait des questions qui les touchaient, elle les accompagnait le long d’un chemin escarpé, jusqu’à une épreuve difficile, le Bac.

Le jour de l’examen, ils se trouvaient face à 3 ou 4 textes inconnus, qu’ils devaient confronter, faire dialoguer – la « question de corpus », modeste entraînement à la littérature comparée, aujourd’hui supprimé. Ensuite, ils devaient faire le commentaire composé d’un texte nouveau – seul cet exercice a survécu à la réformite blanquerienne – ou bien élaborer une dissertation littéraire générale. C’est-à-dire, en trois heures, émettre et argumenter un avis éclairé sur la littérature, en général.

Ils pouvaient pour cela se référer aux œuvres de leur choix, et les lectures personnelles étaient toujours bien vues.

Ne nous leurrons pas : seuls quelques poignées d’élèves osaient relever le défi. Mais la possibilité existait, l’exigence était là, le respect de leur opinion aussi. Les profs de philo étaient reconnaissants de ces premières bases de pensée dialectique posées en ces jeunes esprits.

Aujourd’hui, la dissert, c’est : en quatre heures, les élèves doivent donner leur avis… sur un seul livre, issu d’un programme national imposé. Un classique. Pardon : un Classique. On imagine aisément que l’approche intersectionnelle évoquée plus haut n’a pas présidé aux choix d’auteurs – quoiqu’une certaine pudeur politique obligeât visiblement à une présence féminine minimale chaque année, comme pour l’agrégation.

Ne nous méprenons pas : j’ai été ravie d’enseigner Montaigne, et si on ne m’y avait contrainte, je ne l’aurais jamais fait.

Le Rouge et le Noir est une œuvre qui méritait d’arriver jusqu’à nos élèves – même si j’avoue avoir été quelque peu écœurée d’apprendre que mon livre préféré était aussi celui d’Emmanuel Macron, je me suis consolée en me disant qu’un jeune ambitieux amoureux d’une femme plus âgée avait forcément dû trouver un écho en lui, et que l’ironie stendhalienne ainsi que le discours de classe avaient dû lui échapper – et nous avons tous trouvé des chemins tortueux pour conduire Mme de La Fayette ou Marguerite Yourcenar jusqu’à eux. En trois ou quatre heures par semaine, s’il vous plaît !

Mais l’homogénéité ici créée, la vision patrimoniale de l’histoire littéraire ainsi bâtie, le mépris par là exprimé pour la diversité des goûts, des spécialités, des choix des profs, ne laissent pas de lasser. La standardisation du dernier enseignement artistique autorisé au lycée me terrifie.

Nous n’avons pas beaucoup de temps pour faire de nos élèves des lecteurs. Avec nos vieux bouquins poussiéreux nous sommes déjà bien fragiles devant les exigences de rapidité, d’utilité, d’efficacité, de rentabilité – et ajouter de la poussière à la poussière, c’est tout ce que nous impose M. Blanquer.

Du psittacisme ou comment insulter l’intelligence des élèves

Je me souviens de mon oral du Bac de français. Je n’avais pas trop révisé, mais je dévorais les livres. J’adorais les cours de français, mais mon classeur était toujours à moitié vide, j’aurais été incapable de faire la moindre fiche, et je n’ai jamais compris à quoi pouvaient bien servir les nuages des cartes mentales. J’aurais sûrement échoué au Bac Blanquer.

Mais à l’époque, la part de chance qui joue dans tout examen m’a fait tirer au sort un extrait de Mme Bovary de Flaubert. Le passage où elle fait une balade à cheval avec celui qui deviendra son amant, Rodolphe. Je me souviens de la concentration dans la salle d’étude pleine de monde et de brouhaha stressé. Je me souviens du plaisir d’élaborer de toutes pièces un commentaire sur ce texte que je connaissais vaguement, mais auquel je n’avais pas prêté trop d’attention.

Et surtout je me souviens du regard surpris de l’examinateur lorsque je mets les pieds dans le plat dès l’introduction, choisissant d’analyser la métaphore érotique de ladite balade. Je me souviens du regard pétillant du prof, de son amusement, et je comprends aujourd’hui, et je sais que j’ai le même, quand un adolescent établit cette complicité un peu blasphématoire, qui rappelle joyeusement les grivoiseries de la Grande Littérature. Je me souviens de l’escrime de l’entretien, du prof qui me pousse dans mes retranchements, cherche mes contradictions, m’oblige à réfléchir, encore et encore. Je me souviens de la fatigue en sortant, comme après un beau duel, d’où nul ne sort perdant.

Aujourd’hui les élèves ont une liste de 7, 14 ou 24 textes. Ils les ont étudiés en cours. Ils doivent en présenter une analyse linéaire en 8 minutes, et leur travail n’est suivi d’aucun entretien. La problématique n’est pas obligatoire. Ils ne doivent pas naviguer dans le texte, ils ne doivent pas le décomposer, le triturer, le presser jusqu’à en extraire le sens le plus subtil. Ils doivent suivre avec rigueur et discipline l’ordre des lignes, la chronologie du document, et dire mieux que l’auteur ce que l’auteur dit…

Aucune place à l’innovation, à l’imprévu, à la trouvaille personnelle, à l’hypothèse originale. Les élèves les plus sérieux récitent la fiche fabriquée par le prof. Les autres bricolent de la reformulation forcément maladroite – Comment leur dire que Baudelaire n’a nul besoin de leur traduction ?

Lorsque la récitation est terminée – parfois la même, mot pour mot, que quelque autre élève l’ayant précédé sur le même texte – le jeune peut respirer.

Aucune question ne viendra vérifier, interroger, approfondir, bousculer. Aucun entretien ne viendra accoucher l’esprit littéraire, et nul questionnement ne viendra socratiquement donner naissance à la magie du dialogue littéraire : la co-construction du sens. Après la récitation – niveau zéro de l’intelligence, le par-cœur, niveau zéro de la réflexion – du silence.

Est-il vraiment surprenant que ce gouvernement ait érigé en norme, jusqu’en cette épreuve littéraire, l’assertion non problématisée sans aucune possibilité de dialogue ?

Big Brother is watching you

L’informatique, c’est moderne. On est au XXIème siècle, il faut vivre avec son temps.

Hier, le bruissement du papier, la texture particulière des copies d’examen, le bon vieux bic qui a définitivement détrôné le stylo plume. Mon rouge qui griffonne, souligne, entoure, annote par code quasi hiéroglyphique. Tantôt rageur (« contre-sens ! »), tantôt admiratif (« Oui ! »). Les copies étalées partout dans mon bureau, par tas : le tas des disserts, celui des commentaires. Les copies corrigées, celles que j’ai corrigées mais que je dois relire parce que je suis pas bien sûre, celles qui je remets à plus tard parce que le sujet choisi m’ennuie.

Pendant quelques jours, je trône en mon bureau, entourée de copies anonymes, et ceux qui voient là du bordel ne comprennent simplement pas la division de mes tâches, mes petites acrobaties intellectuelles, mes logiques propres, qui ont besoin de se réaliser dans l’espace exigu et toujours menacé – par mon chat, par ma fille.

Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, que nous sommes aptes à faire cours seuls devant 30 petits carrés noirs étalés sur un écran (Zola mêlé au spiritisme de la visio : Est-ce que vous êtes là ? Il y en a qui sont bloqués en salle d’attente… Vous me voyez ? Je vous entends, mais je ne vous vois pas… Ha, Kevin nous a quittés…), il faut être résolument moderne. Entendons : informatisés.

Mais comme les élèves composent à l’ancienne mode (stylo-papier, c’est teeeeellement ringard), un cerveau brillant du Ministère a trouvé la solution : au lieu de donner les copies papier aux profs (Old Schoooooool), on scanne ces mêmes copies, et la correction se fait en ligne. Sur un écran. Donc : moderne, on vous dit.

Bon, évidemment, ça ne marche pas, ça plante tout le temps.

Les profs, indécrottables passéistes, râlent, et regrettent le bon vieux papier. Ils ont mal au dos, aux yeux, et se demandent combien d’années de prime informatique (150 euros annuels brut) il faudra pour acheter un ordi correct.

Mon amie C., qui travaille chez Airbus, quand elle a bénéficié d’un jour de télétravail par semaine, s’est fait payer un fauteuil ergonomique, prêter un ordinateur, a vu l’entreprise participer aux frais d’abonnements internet. Mais ne soyons pas bassement matérialistes.

L’avantage de la modernité, c’est qu’on peut communiquer : ça s’appelle un chat. Et ce qui est bien, avec le chat, c’est qu’on peut forcer les radicaux à se modérer : les commentaires acerbes sur le fil des coordonateurs sont immédiatement supprimés. Trouvaille de la modernité ! Comme si dans nos réunions d’équipe, le recteur entrait inopinément, bâillonnait le collègue syndicaliste, et repartait, l’air de rien.

En Haute-Garonne, les inspecteurs de l’éducation nationale ont pris des engagements forts : ils ont promis que cette année, les collègues qui font passer les oraux ne corrigeraient pas les copies. Ce sera l’un ou l’autre, eu égard à l’année chaotique qui s’achève. Bon, finalement, on est presque tous convoqués à l’écrit, à l’oral, aux surveillances dans les établissements, et avec un peu de chance, aux épreuves de BTS ou au Grand Oral en sus. Donc un chouia débordés en cette fin d’année.

Heureusement, les inspecteurs veillent : grâce au logiciel de correction en ligne, qui pour nous narguer porte le nom d’une île grecque paradisiaque, ils peuvent savoir quand nous nous connectons. Combien de temps nous passons par copie. Où nous en sommes de la correction.

Et c’est comme si les inspecteurs, pires intrus que mon chat ou ma fille, débarquaient dans mon bureau, piétinaient mes tas de copies, regardaient par-dessus mon épaule : « Ha, vous n’en êtes que là ? Celle-là, vous l’avez corrigée un peu vite. Vous êtes pressée ? C’est un peu le bordel, ici…»

La version moderne : les inspecteurs appellent les collègues sur leur téléphone personnel, et demandent des comptes : on corrige trop vite, ou pas assez. Ils contrôlent, quantifient, font des statistiques. Prétendent s’inquiéter – mais rassurez-vous, leur sollicitude ne va pas jusqu’à proposer un allègement de la charge de travail.

Avant, la correction, c’était un dialogue, un échange entre deux esprits : celui, parfois confus, parfois éblouissant, d’élèves qui l’espace de quelques heures se piquent de littérature, et celui du prof de français, brouillon, curieux, un peu rigide, un peu ouvert aussi. Le papier nous reliait, la confiance protégeait notre discussion silencieuse.

Aujourd’hui, un écran bleu, derrière lequel épient inspecteurs, coordonnateurs, supérieurs hiérarchiques. De quoi acérer toutes les plumes – pour planter le panoptique.

 

Projet dit de « mixité sociale » dans le quartier du Mirail : l’heure d’un bilan.

M Méric, président du conseil départemental, vient d’être fraîchement réélu.  Il était temps de lui (re)demander où en est le projet dit de « mixité sociale », si cher à l’instance départementale.

Parce que les élèves ayant des notifications d’ULIS se voient refusé l’accès des collèges d’accueil, parce qu’on n’a pas de visibilité sur la politique de dérogation, parce que  ces messieurs-dames, si friands d’évaluation, n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent pour confirmer les bienfaits de leur projet cynique, inique et méprisant depuis le début.

Et pour cause !

Les lettres au président du conseil départemental et au recteur, de l’assemblée parents c’est par et celle de Sud Education par ICI

 

En attendant de repartir en lutte contre la destruction de l’école, quelques idées de lectures politico-pédagogiques pour l’été.

« Et l’école elle est à qui ? »

Pour son nouveau numéro, « Z », revue itinérante d’enquête et de critique sociale, a posé ses valises à Grenoble. 200 pages joliment illustrées d’enquêtes et de témoignages organisées en quatre dossiers :

• « Le mammouth contre-attaque » aborde l’école comme un lieu de travail (des instits mais aussi des Atsem),

• « Le chahut des normes » s’attaque aux inégalités de genre à l’école,

• « Garder la foi » interroge la croyance en la méritocratie, défend les REP et met les points sur les i en matière de laïcité,

• « Béton et révolution » critique l’éducation au développement durable, questionne des expériences pédagogiques présentes et passées et promeut une éducation critique par l’environnement.

Vous trouverez aussi dans le numéro un abécédaire syndical, un jeu des six familles pédagos (des ‘tradis’ aux ‘critiques’ en passant par les ‘Freinet’…), un photoreportage sur les masques à l’école, une histoire des petites et grandes réformes de l’école de Charlemagne à Blanquer, un aperçu de l’école zapatiste… et un poster pour les enfants !

La revue Z ?

« Pour fabriquer ce numéro, nous étions dix personnes (pratiquant l’enquête journalistique sans être journalistes professionnel·les) pendant un mois à Grenoble, à l’automne 2020. Nous y avons rencontré bon nombres de vos collègues, souvent syndiqué·es, mais pas toujours. Loin de ne concerner que Grenoble, le numéro traite l’école comme un sujet de société qui concerne tout le monde. C’est le pari de notre revue : partir d’un endroit précis, y prendre le temps de la rencontre, pour essayer de saisir des enjeux qui parleront à tout le monde. Cette méthode est appliquée chaque année sur un sujet différent, et cette année c’est sur l’école. »

Leur avis de parution :

« À l’automne 2020, au moment de partir enquêter sur l’école primaire, on a eu peur de ne pas pouvoir y retourner. Fermées durant deux mois au premier confinement, subitement devenues priorité nationale après l’assassinat de Samuel Paty, les écoles allaient-elles rester closes pendant le second confinement que venait d’annoncer le gouvernement ? De mars 2020 à avril 2021, plus d’un an d’incertitudes permanentes, pour la revue comme pour tout le monde. Plus d’un an à jouer avec les règles du gouvernement, à s’écharper sur celles que l’on devrait inventer nous-mêmes, à mettre et enlever nos masques au gré de la dernière discussion en date. Une position bien trop fragile pour prendre parti dans les batailles autour des protocoles sanitaires.

Pour autant, nous ne pensons pas que la pandémie ait subitement réduit les luttes des classes à une question de masques. Alors on s’attaque à cette institution surpeuplée et sous-dotée qu’est l’école publique, en se demandant quels types d’adultes elle façonne. En démontant le mythe persistant de la méritocratie renouvelé par l’obsession de l’évaluation. En cherchant la subversion d’un lieu matrice des inégalités de genre, où la prévention des violences n’existe quasiment pas, où les associations qui permettent aux enfants de libérer leur parole sont chassées par la hiérarchie. En démasquant enfin l’hypocrisie d’une « éducation au développement durable » qui culpabilise les héritiers·ères d’une planète en feu. Et on la défend, à longueur de lignes, parce que les gosses s’y confrontent à l’altérité, y apprennent parfois à réfléchir, y échappent à la famille et à l’entre-soi de certains établissements privés, et parce qu’on peut s’y battre pour en faire un lieu d’émancipation.

Atsem en grève, instits désobéissants ou en excursion dans la forêt, mère en colère, Z a rencontré celles et ceux qui ne se résignent pas à la défensive et inventent jour après jour des pratiques scolaires libératrices. »

Le sommaire et de quoi commander c’est par ici : https://www.zite.fr/parutions/z14-grenoble-ecoles/

La revu est en vente chez Terra Nova à Toulouse, on pose ça là…

« Les combats de l’école »

Le numéro 177 de « Manière de voir », juin-juillet 2021, est sorti.

Le train de réformes administré depuis 2017 par le ministre Jean-Michel Blanquer n’avait pas suffi ; le système éducatif français a également encaissé une crise sanitaire. Comment sortira-t-il de ces soubresauts ? Du télé-enseignement à l’explosion des inégalités en passant par la montée des neurosciences, cette livraison de Manière de voir en propose une radiographie tout en dessinant des perspectives pour démocratiser l’école

https://www.monde-diplomatique.fr/mav/177/

Des références en pédagogies… émancipatrices !

Quelles pédagogies ?

Bonnes vacances à toutes et tous !