Bellefontaine : et maintenant ?

guillotineLa sanction est tombée jeudi 18 pour nos 6 collègues comme on s’y attendait.

Les 4 collègues certifié-es de l’établissement ont vu leur mutation pour intérêt du service confirmée par la rectrice. Et ce malgré le fait que la commission paritaire n’ai pu donner un avis. En effet, les votes pour et contre étaient à égalité. Rappelons que tous les syndicats se sont opposés à la mesure et ont refusé d’examiner individuellement les cas, soulignant le caractère collectif et répressif de la mesure.

Dans l’après-midi la CAPD disciplinaire de la collègue professeur des écoles a statué sur une mutation d’office également. Il s’agit là d’une sanction explicite. Est-il besoin de rappeler la vacuité du dossier et la stupidité des accusations de prétendues menaces de morts (classées sans suite par la Justice) qui lui étaient faites ?

Jeudi 25 c’est au tour du collègue agrégé de passer en commission pour mutation « dans l’intérêt du service ». Nul doute que le résultat sera le même.

Enfin vendredi se tiennent les capa de révisions des notes administratives reportée du mois dernier.

Surtout, depuis lundi notre collègue Laure, mutée de Bellefontaine, a entamée une grève de la faim devant le rectorat. A l’heure où nous écrivons ces lignes, elle entame son 3e jour. C’est un acte réfléchi et un choix personnel. On peut sans doute discuter et débattre du choix de modalités d’action. Il n’empêche que ses revendications exprimés sont justes et légitimes et Sud Education continue à les soutenir. Il faut lever toutes les sanctions et maintenir les 6 collègues à leur poste.

Elle explique sa démarche dans cette interview à La Dépêche.

et dans cette vidéo :

 

Un tel choix n’est pas anodin. Qu’un individu en arrive à mettre sa santé en péril ne fait que souligner la violence et la brutalité d’une administration qui fut juge et partie depuis le départ, qui n’a jamais été dans le dialogue contrairement à ce qu’elle prétend, qui n’a jamais cherché à rencontrer les collègues qu’elle accuse de perturber le service, qui manipule les règles selon son intérêt avec une mauvaise foi consternante, qui a encouragé les pires pratiques de fichage et d’arbitraire à l’égard de ses agents…

Le rectorat et l’inspection académique sont les premiers responsables, du fait de leur attitude depuis le début du conflit, de la situation actuelle. Eux seuls peuvent y mettre un terme en levant les sanctions.

Force est de constater que l’administration s’acharne. Nous avons face à nous un bulldozer qui se moque bien du véritable « intérêt du service »,  des agents, des individus et a fortiori des élèves et de leurs familles…Il faut faire un exemple, il faut délégitimer toute tentative de revendication sociale, il faut tenter de décrédibiliser tout mouvement de lutte en agitant le spectre d’une « radicalité » repoussoir, il faut jouer sur la trouille et l’obéissance des agents. Il faut gouverner l’administration par la peur à défaut de pouvoir répondre aux besoins réels et nécessaires. Il faut soumettre toute revendication et toute à l’impérieuse nécessité du « service » et de « l’intérêt des élèves ».

Hier encore par exemple, des collègues grévistes de l’école Alfred de Musset à Toulouse qui réclament depuis des semaines l’ouverture d’une classe supplémentaire alors qu’ils passent dans le dispositif REP se sont vus traiter par l’intimidation et le plus souverain mépris.

Mais de quoi parle-t-on au fond ? Faut-il rappeler que nos collègues réclamaient ni plus ni moins que l’application de la loi et qu’ils usent et usèrent de leurs droits constitutionnels pour le faire ? Peut-on avoir une vision différente du service public et l’exprimer ? Peut-on faire le procès à des enseignants de méconnaître l’intérêt de leurs élèves par rapport à un panel de bureaucrates appliquant des directives iniques d’austérité ?
Ils veulent des fonctionnaires aux ordres. Doigt sur la couture du pantalon. Soyons en bien conscients, ce sont des pratiques qui deviennent systématiques. Dans le 92, deux collègues sont exactement dans le même cas que ceux de Bellefontaine, une pétition est à signer…et on peut parier qu’il ne s’agit pas non plus de cas isolés.

Sud Education appréhende les temps qui arrivent. L’austérité qu’on nous impose ne supportera pas de contestation. L’Education nationale n’a jamais été un secteur protégé dans les plans actuels de nos gouvernants, sinon dans les discours. Cela ne doit plus nous étonner.  Après tout, ce qui nous arrive dans l’Education nationale  est depuis longtemps monnaie courante dans le secteur privé et dans le reste de la fonction publique. Les exemples pourraient être multipliés des cas de répression syndicale. Cette année ainsi, on a révoqué le premier fonctionnaire pour « faits de grève » depuis 1951, c’était à La Poste, il y a peu encore, bastion syndical.

La lutte collective, l’action syndicale seront nos armes plus que jamais. Mais ce n’est pas à l’administration d’en définir les contours légitimes.

Quelques rendez-vous dans les prochains jours :

  • Jeudi 25, rassemblement à 9h et entre 12h et 14h devant le rectorat.
  • Vendredi 26, nouveau rassemblement entre 12h et 14h
  • Samedi 27 le collectif Bellefontaine appelle à un rassemblement, place du Capitole à 15h.
  • Lundi 29 juin, à 18H30 , Serge Pey viendra faire une lecture de poèmes devant le rectorat en soutien aux 6 de Bellefontaine !

 

De manière générale toute présence devant le rectorat est un soutien !