Les écoliers de la ville de Provins, en Seine-et-Marne, vont « expérimenter » l’uniforme dès octobre 2018. C’est le maire lui-même, Olivier Lavenka (LR) qui en a eu l’idée et a ainsi effectué une consultation auprès des 609 familles concernées. Seulement 56,6 % d’entre elles ont participé (345) et parmi elles, 62 % se sont prononcées en faveur de la mise en place d’une tenue unique pour leurs enfants, comme le scandent la majorité de nos médias favoris (sans préciser que ces 62 % ne sont finalement qu’une minorité…).
Minorité qui arrange bien le maire qui soutient sa belle idée en mettant en avant trois intérêts principaux à l’uniforme: « sanctuariser le temps scolaire, donner une très belle image de la communauté éducative et être un très beau vecteur d’intégration républicaine ». Arguments eux-mêmes soutenus par le ministre de l’éducation nationale en personne (et, rappelons-le, par le Front national depuis toujours). Cela vous étonne ? Pas nous ! Il applaudit cette mesure, arguant que c’est un « enjeu d’égalité pour les enfants », qui « peut être une réponse ». Mais rassurons-nous, le ministre Blanquer « n’en fait pas l’alpha et l’oméga d’une politique éducative ». Vraiment ?
Il met pourtant tous les matins depuis un an son uniforme de ministre ferme, sévère, autoritaire et attaché aux « symboles de la république ». Quoi de mieux que le port de l’uniforme pour le satisfaire? Ah si, la chorale peut-être!
Le choix de cette école est d’ailleurs souvent présenté comme un « retour de l’uniforme », alimentant la vision de l’école d’antan, stricte, autoritaire mais d’une efficacité républicaine indéniable! Valeurs actuelles titre à ce sujet : « les parents veulent le retour de l’uniforme à l’école ». Les parents ? Mais quels parents ? Les 62 % des 56 % participants à la consultation d’une ville de Seine-et-Marne ? Le retour de l’uniforme ? Quel retour ? En effet, historiquement, le port de l’uniforme n’a jamais été obligatoire dans les écoles publiques françaises. Seule la blouse était portée dans les écoles primaires et secondaires avant 1968, pour des raisons uniquement pratiques. Il n’y a donc jamais eu de loi ou décret imposant un uniforme à l’école publique, et ce n’est sûrement pas pour rien…
Le système français est pointé comme étant un des plus inégalitaires des pays de l’OCDE, et un uniforme devrait arrangeait ça ? L’école est une machine à inégalité écrasante, qui sélectionne dès le plus jeune âge les élèves et effectue un tri social très puissant et conséquent. C’est un problème de politique publique et social indéniable, mais pas autre chose. Le port de l’uniforme pour lutter contre les inégalités est une hypocrisie, cachant une volonté de faire plier les apparences et à terme les esprits, d’effacer les individus au profit d’une masse conforme et aux normes.
Et que fait-on de l’école gratuite ? A Provins, il s’agit d’un pack à la charge des familles, pour la maudite somme de 145euros ! Bonne nouvelle les filles, il y a même une jupe pour vous, ouf, les valeurs de notre bonne France républicaine sexiste sont conservées!! Affaire à suivre cependant puisque la longueur de la jupe n’est pas encore précisée… parions qu’elle ne sera pas trop longue… pour cause de laïcité républicaine… ni trop courte pour des raisons morales! Et en prime il y aura même l’écusson de la ville et la devise nationale sur chaque pull et t-shirt ! Champagne !
« Aujourd’hui, les marques de vêtements comptent malheureusement beaucoup trop ». Mais, Monsieur le ministre, oubliez-vous que le pack à 145euros ne comprend pas les chaussures, les chaussettes, les manteaux, les écharpes, les casquettes… ?
SUD Education 31 dénonce fermement cette mesure qui va à l’encontre des principes et exige l’abandon de cette décision municipale.