Lycée Gallieni en lutte : Quelles questions ? quels enjeux ? Quelles réponses ?

unnamedDepuis plusieurs semaines, les personnels du lycée professionnel Gallieni à Toulouse sont mobilisé-e-s pour obtenir des moyens supplémentaires pour améliorer les conditions d’accueil des élèves et les conditions de travail des personnels du lycée.

Le 20 décembre, les représentants syndicaux du lycée (SNETAA-FO et SGEN-CFDT 31 ont écrit ministre de l’Education nationale. Ils décrivent ainsi l’établissement dans lequel ils travaillent : «Le LPO Galliéni s’est transformé en une extension des quartiers du Mirail et d’Empalot, véritable terrain de jeu des dealers de la cité et créant dans le lycée une zone de non-droit. (…). Un sentiment de peur s’est d’ailleurs généralisé.».

Nous ne nous reconnaissons pas dans ce discours stigmatisant qui fait les choux gras des journalistes carnassiers qui cherchent le scoop à tout prix et dressent des portraits sordides et mensongers des quartiers populaires (cf l’article du Monde sur le quartier le Reynerie).

Une enseignante interviewée explique de façon plus nuancée : « Dans les 1 000 élèves du lycée, on a des profils très particuliers. Certains sont très volontaires, mais on a aussi une minorité qui relève de structures spécialisées, médicales, ou relatives à la justice : des élèves qui sortent de prison, qui viennent en cours avec le bracelet électronique, d’’autres qui ont un casier judiciaire assez fourni qu’on nous demande d’intégrer. On fait tout pour que la poudrière explose.»

Voilà ce qui arrive quand on impose à des jeunes, déjà en rupture scolaire et sociale, une «orientation subie»… La première des violences, celle qui engendre toutes les autres, c’est bien d’abord celle de l’exclusion, des inégalités sociales et des injustices de classes  !

Face à cette situation, que revendiquent les personnels mobilisés ?

Certains se positionnent sur des thèmes « sécuritaires » : les violences, les dégradations, la peur… et demandent la mise en place de caméras de vidéo surveillance et la présence «d’agents de sécurité à l’entrée de l’établissement et habilités à fouiller».

D’autres portent en revanche des revendications visant des moyens pour améliorer l’accueil et l’accompagnement des élèves : recrutement de 10 assistants d’éducation (AED) supplémentaires, du temps de concertation rémunéré pour mettre en place des groupes de parole et proposer «un réel projet d’établissement». « Nous nous réunissons pour travailler à l’écriture de propositions concrètes. Nous voulons changer en profondeur notre lycée. Pour cela il faut mettre en place un dispositif d’éducation prioritaire. En effet, nous avons tous les inconvénients des établissements situés en zone prioritaire sans avoir leurs moyens , ce qui compromet notre mission », explique une enseignante aux journalistes (toujours plus carnassiers au fur et à mesure que le conflit dure) ; Ces collègues demandent que le lycée Galliéni rentre (partiellement ou totalement) dans le dispositif de l’éducation prioritaire ; ils exigent une dotation supplémentaire et pérenne pour renforcer la présence adulte et ils veulent pouvoir accompagner ceux et celles qui sont en difficulté et donc en souffrance. La balle est dans le camp du rectorat… mais il semble vouloir la garder !

Que répond Jacques Caillaut, Directeur académique des services et de l’Education nationale (Dasen) de la Haute-Garonne à ces demandes ?

Que ce n’est pas la peine de se mettre en grève pour être entendu ! « Depuis que je suis arrivé dans le département, la mixité scolaire est un sujet qui me tient à cœur et ce que nous avons engagé avec le conseil départemental pour les collèges, je l’ai engagé pour Galliéni ». (…) Depuis deux ans, on a ouvert des classes technologiques (STI2D) qui sont des classes avec des élèves qui ont un parcours scolaire de bon niveau. Nous avons également le projet d’ouvrir une seconde générale et technologique à la prochaine rentrée, de façon à mieux mixer les publics ».

Nous, on a du mal à comprendre ce que fait Monsieur Caillaud avec la mixité ! Ce qu’il prétend faire d’un côté (à Galliéni) il le défait de l’autre en fermant un collège (Badiou) !!!

Et puis surtout, Monsieur Caillaud tient le discours qu’on entend de plus en plus dans la bouche de nos supérieurs hiérarchiques : Si ça dysfonctionne, c’est la faute de quelques enseignant-e-s qui font mal leur travail : « Pour certains enseignants, il y a peut-être des logiques de formation qui doivent se mettre en place. C’est ce qui est proposé, mais il faut avoir les candidats pour cela (…). Quelques enseignants sont débordés, mais je sais aussi que d’autres réussissent ». Ca s’appelle pas « botter en touche » et «diviser pour régner » ça ?? Il y aurait ceux qui réussissent et les autres qui ne savent pas faire et refusent de se former. Du côté de l’administration, en revanche, tout va bien ! « J’ai renforcé les moyens à la rentrée précédente, en termes de conseillers principaux d’éducation et d’assistants d’éducation. Mais le père Noël n’existe pas et certaines choses sont totalement irréalisables ». (interview publié dans la Dépêche du midi du 10/01/2018)

La région Occitanie a annoncé à grand renfort de publicité dans les médias la mise en place de portiques de sécurité et de 35 caméras « pour assure la sécurité » (le marché de la vidéo surveillance a de beaux jours devant lui !). Mais sur les moyens humains et la mixité, « ça bloque au rectorat».

Ce lundi 22 janvier, une délégation de personnels du lycée a été reçue au rectorat. Il semble que les propositions faites sont loin d’être à la hauteur des attentes et des besoins ! Mais est-ce étonnant ?

Nous non plus on ne croit pas au Père Noël M. Caillaut et on sait bien que ce qu’on obtient, ce n’est que par nos luttes solidaires et collectives !

C’est dans ces temps d’échanges, de réflexion, de prises de décisions, parfois de désaccords aussi, que la parole circule et que les idées avancent, dans des AG de grévistes qui se réunissent, posent un ordre du jour, organisent des tours de parole… avec la volonté d’arriver à prendre des décisions les plus collectives possibles.

A Galliéni donc, comme dans tout mouvement, il y a ce dont parle les médias et il y a toutes ces luttes, moins « spectaculaires » et surtout plus subversives et tellement salutaires pour faire entendre d’autres voix que celle de « la peur, la violence et la délinquance ».

SUD Education 31 apporte tout son soutien aux personnels en lutte du lycée Galliéni, précaires et tutulaires, qui orientent leur lutte vers des revendications porteuses d’une école démocratique et émancipatrice pour toutes et tous !

Pour suivre la lutte des équipes du lycée Galliéni :

https://lpo312.wixsite.com/fiersdenseigner

https://www.change.org/p/soutenez-le-lyc%C3%A9e-gallieni-31