Mesure des CP et CE1 à 12 où en est-on?

Un an après l’annonce gouvernementale des CP et CE1 à 12 en REP+ et des CP à 12 en REP, un petit bilan s’impose

Dès sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron annonce 12 élèves en CP-CE1 dans les écoles relevant de l’éducation prioritaire afin de lutter contre l’échec scolaire. Chose promise, chose faite ! Alors qu’au mois de juin 2017 les enseignant-es des écoles planchent sur la composition des classes pour la rentrée 2018, Jean-Michel Blanquer demande aux équipes en REP+ de prévoir des CP à 12 !

Oui, mais à quel prix ? Dédoubler les classes de CP implique également de doubler le nombre de postes et de doubler le nombre de salles de classe pour les CP. Mais il n’y aura pas de création de poste, juste une presque disparition des PDMQDC, des enseignant-es pioché-es dans la réserve des remplaçant-es et l’embauche de contractuel-les qui étaient sur liste d’attente au CRPE 2017. Ni de création de classes, juste des BCD, des salles informatiques, des salles polyvalentes (EPS) qui sautent et quelques cloisons séparant des classes en deux ! 

De plus, nous avons pu constater que cette baisse des effectifs en CP impliquait déjà cette année une hausse des effectifs dans les autres classes. Mais cette contrainte va s’intensifier à la rentrée de 2018 avec le dédoublement des classes de CE1 en REP+ et de CP en REP. D’autant plus que l’administration nous impose également de faire des classes de CP et CE1 pures !! Liberté pédagogiques où es-tu ? Si on respecte le seuil des CP et CE1 à 12 en classe simple niveau, on arrive avec des CE2, CM1 et CM2 à 24, 25, 26, voire 27 dans certaines écoles dès le début de l’année. Or, en constatant les chiffres de ces dernières années, on peut voir que beaucoup d’élèves arrivent en cours d’année, mais que peu ne partent. Donc les effectifs vont encore gonfler jusqu’à juillet 2019 !

Sud Education est fortement attaché au principe d’une baisse des effectifs dans le premier degré, dans le second degré et dans le supérieur. Mais en aucun cas nous ne pouvons tolérer cette mesure qui n’est que propagande présidentielle.

En discutant entre enseigant-es du premier degré, travaillant en éducation prioritaire et hors éducation prioritaire, et entre enseignant-es du second degré on a vite vu que l’administration essayait de se protéger en nous montant les uns contre les autres. En effet, quand on demande en audience ou dans les multiples commissions des moyens supplémentaire pour tel ou tel degré, elle répond aux enseigant-es du premier degré que tous les moyens sont pour le second degré (DGH), aux enseignants du second degré que tous les moyens sont pour le premier degré (notamment avec les CP et CE1 à 12), aux enseignants du premier degré hors éducation prioritaire que tous les moyens sont pour les écoles en éducation prioritaire… Bref c’est la faute à tout le monde ! Mais n’oublions pas que c’est toutes et tous ensemble qu’on sera plus fort-es, ne nous laissons pas diviser par l’administration !

Si on regarde la loi, cette mesure n’est pas réglementaire. Le principe de hiérarchie des normes régit le système juridique français. Ce principe implique qu’une norme de niveau supérieur s’impose toujours à celle de niveau inférieur. Ainsi, une norme inférieure doit absolument être conforme avec la totalité des règles qui lui sont supérieures. C’est l’article 2 du décret n°89-122 du 24 février 1989 relatif aux directeurs d’école qui régit l’organisation des classes : « Le directeur d’école veille à la bonne marche de l’école et au respect de la réglementation qui lui est applicable. […] Il répartit les élèves entre les classes et les groupes, après avis du conseil des maîtres. »

Par conséquent, puisqu’aucun texte réglementaire impose aux écoles de faire des « CP et des CE1 à 12 », Sud Éducation ne peut qu’interpréter cette mesure comme une simple suggestion de l’administration. Il revient donc aux équipes d’en tenir compte, ou pas !

Ne nous laissons pas faire, c’est bien à nous que revient l’organisation pédagogique des écoles où l’on travaille !